Apprivoiser la bête!
- Par
- Isabelle Frattolillo, Maman et Enseignante
Pour savoir, personnellement, à quel point le stress peut être dommageable, je me suis donné comme mission de lui livrer bataille en offrant des stratégies de gestion de stress à mes élèves.
Autrefois, le stress était nécessaire à notre survie.
Il nous permettait carrément de sauver notre peau!
Aujourd’hui, il est omniprésent et il ne nous permet pas de survivre, bien au contraire… il a notre peau à la longue!
Il nous paralyse, nous fige, nous fait croire qu’on est en situation de risque, que c’est une question de vie ou de mort, alors qu’en fait, nos problèmes deviennent habituellement bien gérables après quelques grandes bouffées d’air frais!
Malheureusement, nos enfants se retrouvent pris dans notre mode de vie effréné.
À tous les jours, je côtoie des enfants qui me disent ressentir du stress. Le stress touche autant les élèves performants que ceux en difficultés, ceux qui sont turbulents ou ceux qui sont sages; il touche les élèves de familles aisées, et ceux de familles plus modestes aussi…
Tout le monde côtoie le stress, un jour ou l’autre.
Depuis que j’enseigne, une de mes priorités est d’outiller mes élèves face au stress et à l’anxiété. Pour savoir, personnellement, à quel point le stress peut être dommageable, je me suis donné comme mission de lui livrer bataille en offrant des stratégies de gestion de stress à mes élèves.
Je suis convaincue qu’en les outillant jeunes, ils pourront les utiliser tout au long de leur vie. Pourquoi ai-je choisi cet enjeu? Parce que le stress fait obstacle aux apprentissages des enfants. On ne peut le nier. Il faut lui tenir tête consciemment. Il faut en parler! Ça devrait même être dans le programme pédagogique.
Pour moi, le stress a plusieurs visages dans une classe:
- C’est l’enfant qui a tout bon dans son examen, mais qui doute et vise la perfection!
- C’est l’enfant qui a mal au ventre avant la dictée.
- C’est l’enfant qui est différent et qui a peur de se faire rejeter par les autres.
- C’est l’enfant qui a peur qu’on rit de lui pendant son exposé oral.
- C’est l’enfant qui a mal à la tête en période d’examens parce qu’il veut avoir de bonnes notes pour rendre ses parents fiers.
- C’est l’enfant qui a l’estomac noué et qui est incapable de travailler parce qu’il s’ennuie de son parent qu’il ne voit pas souvent.
Comme vous pouvez le deviner, je pourrais continuer encore et encore avec tous ces exemples…Cependant, le mot «outiller» est toujours dans ma tête de pédagogue. Je crois que la meilleure chose que l’on puisse faire pour nos enfants ou nos élèves, c’est exactement ça: les outiller.
Parce qu’on ne vit pas dans un conte de fée ou dans une bulle de verre, parce que le stress est inévitable, parce que la vie n’est pas toujours facile, parce qu’on ne peut pas toujours être là pour protéger nos enfants, et les surprotéger est une grande erreur, selon moi. Alors, la seule solution qui demeure est celle de les outiller, de les rendre plus aptes à gérer leurs émotions et le stress au quotidien.
Je vous présente ci-dessous des petits bijoux qui m’aident au jour le jour à outiller mes élèves devant ce fléau des temps modernes.
- Le programme Mindmasters offre des capsules audio et des activités qui visent à mieux gérer le stress, à relaxer et à adopter une vision plus positive de la vie. C’est une pure merveille selon moi! Mes élèves me demandent parfois de leur propre chef de faire une capsule pour se détendre, ou lorsqu’ils vivent une émotion vive.
- Cet été, j’ai lu le livre « Calme et attentif comme une grenouille » d’Eline Snel. On nous y présente des activités de méditation pleine conscience qui permettent à l’enfant de mieux se comprendre et de se calmer. Le livre est accompagné d’un CD avec des pistes audio.Entre autres, je retiens que les émotions sont comme la météo. Je le répète souvent à mes élèves. Parfois, on vit de grosses colères, c’est comme une grosse tempête qui éclate, mais ça finit toujours par passer. Le temps reste gris un bout et par la suite, le soleil revient toujours… Il faut être patient. Aussi, on nous parle du fait que nous ne sommes pas nos émotions. Je peux être en colère sans être un enfant colérique. Les émotions que nous vivons ne nous définissent pas. Elles ne font que passer.
En plus de ces ressources, je permets à mes élèves d’être eux-mêmes, dans les limites du respect de tous, bien sûr. Je leur parle aussi de mon stress, de leur stress, des causes, des conséquences physiques et psychologiques, on démystifie tout ça!
On parle aussi beaucoup d’empathie dans ma classe.
Comment je peux être empathique avec quelqu’un qui vit un stress ou une autre émotion?
Comment je peux l’aider?
Bref… on en parle!!!
Parfois, au lieu d’en parler, on en rit!
On dédramatise les situations. On se dit que ce n’est pas si pire, ça va passer, qu’on ne s’en souviendra pas le jour de nos noces et on rigole tous ensemble! De petits stress deviennent parfois envahissants parce qu’on les alimente.
Notre société de performance est parfois bien pesante pour des élèves du primaire, je relativise donc beaucoup avec eux. Je leur donne droit aux erreurs, mais je les encourage à toujours faire de leur mieux.
J’oblige… l’effort!
Je leur dis qu’ils peuvent être fiers d’eux, peu importe le résultat, s’ils ont donné leur 100%. Surtout, je leur dis de croire en eux et en leurs rêves. En fait, j’aime mes élèves et ils le voient dans mon regard. Ils le sentent et le stress diminue tellement quand on se sent accepté.
Aussi, un remède miracle contre le stress est… l’activité physique.
Donc, je marche avec mes élèves environ 3 matins par semaine, d’un bon pas, pour s’oxygéner le cerveau et diminuer notre stress et anxiété. On fait du yoga aussi. Nous avons un projet d’initiation au yoga à l’école qui permet aux enfants de bouger, d’apprendre à respirer profondément, et de s’arrêter.
Je ne me considère pas comme une spécialiste du stress…
J’apprends à tous les jours à mieux gérer mon propre stress. Honnêtement, en abordant le stress avec mes élèves, je n’aide pas qu’eux… j’en bénéficie également. La gestion du stress est le travail d’une vie, mais je crois qu’en inculquant tôt à nos enfants comment ils peuvent dompter la bête, ils n’en seront que plus forts pour faire face à la vie!