D.E.V.O.I.R

Retour

Mon premier déclic est survenu lorsque je suis devenu parent d’un jeune de 1re année ayant une dyslexie/dysorthographie, en plus d’un TDA.

Lorsque le moment de sonner la fin du congé estival arrive, plusieurs sujets reviennent dans l’actualité. Tels les nids de poule au printemps ou la chaleur accablante au mois de juillet, une éternelle question revient brûler les lèvres des parents et des intervenants du monde de l’éducation: POUR OU CONTRE LES DEVOIRS?

Pour ma part, ma vision des devoirs a évolué au cours des années. Au début de ma carrière, ma planification de cours était construite en fonction des devoirs:

5 minutes: Accueil des élèves
15 min: Retour sur le devoir
30 min: Rouvelles théories
20 min: Exercices en classe
5 min: Explication du devoir

Le déclic

Mon premier déclic est survenu lorsque je suis devenu parent d’un jeune de 1re année ayant une dyslexie/dysorthographie, en plus d’un TDA.  Nous devions passer près de 45 minutes à 1 heure par soir afin de compléter ses devoirs. Je me souviens des larmes, de l’impatience, des querelles, du découragement et de l’impuissance face à ces défis quotidiens.

Je suis encore plus convaincu aujourd’hui que cette torture pédagogique n’a fait que nuire à sa compréhension. Par chance, son enseignante de l’époque a toutefois accompli un travail colossal en classe, lui permettant d’acquérir une bonne base en lecture et en écriture.

Six ans plus tard, signe que les mentalités évoluent peut-être, mon petit dernier a la même enseignante. Ses devoirs sont composés uniquement d’étude sous forme de jeu et de lecture. Hier soir, pour le plaisir, il s’est amusé à écrire des mots. Étrange… il y a 6 ans, mon plus vieux devait écrire des traces d’étude, et c’était loin d’être amusant.

Voici donc ma conception et ma vision des devoirs:

Différent

Les enseignants qui souhaitent absolument donner des devoirs doivent à tout prix différentier les tâches selon les élèves. En effet, une tâche qui prend 15 minutes pour un élève peut facilement prendre une éternité pour un autre.

De plus, comme à l’intérieur de la classe, les tâches doivent être variées pour s’assurer de conserver l’intérêt des jeunes.

Énergie

Faites bouger les jeunes! Il existe plusieurs exercices qui permettent aux jeunes de consolider un apprentissage tout en étant actifs. Que ce soit sous forme de jeu, de devinette, de chasse au trésor ou de ballon dictée, l’apprentissage doit rester stimulant. S’il vous plaît! Éloignons-nous du mythe selon lequel apprendre devrait être douloureux!

Vivant

L’élève doit se sentir vivant. Il doit sentir qu’il prend part à quelque chose de plus grand que lui. Qu’il ne s’agit pas seulement d’un travail “d’école”, mais qu’il participe activement à la société. Peu importe l’âge, les jeunes ont soif de faire une différence; ils ont soif de changer le monde!

Pourquoi ne pas réaliser un sondage dans le quartier sur des questions d’actualité, ou encore d’écrire un blogue pour le partager au monde entier avec les réseaux sociaux. Il existe déjà une multitude de projets collaborateurs entre des classes de toutes les régions du Québec et de la planète.

Économisons de l’argent et sortons de l’emprise des cahiers d’exercices! Car qu’il soit en papier ou sur une tablette, il ne s’agit que des mêmes fiches d’apprentissage que nous réalisions lorsque nous étions élèves.

Objectif

L’enseignant qui désire absolument utiliser les devoirs devrait s’assurer d’avoir un objectif clair en lien avec l’apprentissage qu’il veut développer. Rien n’est plus dommageable que d’exiger à un élève de faire un devoir qui manque de sens. À ce moment, nous tuons le plaisir d’apprendre!

Imagination

Une des compétences les plus importantes à développer chez nos jeunes, au cours du 21e siècle, sera la créativité. Faites créer vos jeunes! Selon moi, la lecture est l’essence du développement de la créativité.

Lire ou se faire lire une histoire est un excellent exercice pour développer l’imaginaire de la jeunesse. Amusons-nous par la suite à demander aux jeunes de représenter ce qu’ils ont vu en écoutant l’histoire. Les procédés sont multiples: dessin, maquette, minecraft, lego, etc.

Réel

Comme je le mentionnais dans la partie “VIVANT”, un enseignant qui sentirait absolument le besoin de donner un devoir devrait le rattacher plus souvent qu’autrement à la réalité. Rien de plus stimulant que de travailler sur quelque chose d’utile. Les raisons , les projets et les sujets sont nombreux pour servir de prétexte à une tâche d’apprentissage en lien avec la réalité. Il ne faut qu’utiliser notre imagination.

Ma réalité d’enseignant

Pour notre part, les élèves du programme Voie d’Avenir n’ont pas de devoirs. À chaque début de semaine, les élèves reçoivent leur plan de match pour toutes leurs matières. Ils sont donc en action tout au long de la journée (pédagogie active). Ils revient à eux de s’organiser et de s’engager pour accomplir leurs travaux pour le vendredi. L’élève qui est engagé tout au long de la semaine n’aura pas à utiliser les heures en soirée pour compléter ses travaux.

Bien entendu, il y a des exceptions (différenciation)

  1. Nous avons environ 12 élèves qui sont dans une concentration sports/études avec nous. Naturellement, ils doivent récupérer du temps de classe le soir.
  2. 35% de nos élèves sont pensionnaires. Ils ont donc une période de 45 minutes d’études obligatoire le soir, comme tous les autres pensionnaires du Collège. Nous travaillons avec eux leur organisation et leurs stratégies d’apprentissage pour maximiser ce temps.

Partisan des devoirs?

En conclusion, je vous dirai que je suis loin d’être un partisan des devoirs. Toutefois, je ne crois pas que la vie ne soit faite que de blanc et de noir. Un enseignant qui désire utiliser du temps à l’extérieur de la classe devrait probablement porter une attention particulière à mon acronyme du mot D.E.V.O.I.R.

Pour notre part, les seuls devoirs que nos élèves ont sont:

Biographie

Responsable du programme "Voie d’avenir" au Collège Saint-Bernard

Pierre-Olivier Jetté est responsable du programme Voie d’avenir depuis bientôt 10 ans. Passionné par la pédagogie et l’éducation (au sens large) des jeunes, il n’hésite pas à repousser ses propres limites pour inspirer ses élèves! Par exemple: se présenter aux élections provinciales pour sensibiliser les jeunes à l’importance d’aller voter et terminer un ironman… sans avoir jamais effectué de triathlon!

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