Une rentrée tout en douceur…
- Par
- Isabelle Frattolillo, Maman et Enseignante
Dans les premiers jours de classe, mon travail est de répondre, le plus ouvertement possible, à ces dizaines de questions dans le but de rassurer les élèves, d'apprendre à les connaitre et de leur faire sentir qu'il y aura une place spéciale pour chacun d'eux dans ma classe.
La rentrée est synonyme de stress pour plusieurs élèves et parents.
Je crois qu’elle engendre toutes ces inquiétudes simplement parce qu’elle implique beaucoup d’inconnus. Souvent, je peux lire dans les yeux de mes élèves une tonne de questions:
« Qui es-tu? »
« Qui sont mes nouveaux amis? »
« Est-ce que je vais aimer ça, être ton élève? »
« Vas-tu nous donner beaucoup de devoirs? »
« Comment ça va fonctionner dans ma nouvelle classe? »
Dans les premiers jours de classe, mon travail est de répondre, le plus ouvertement possible, à ces dizaines de questions dans le but de rassurer les élèves, d’apprendre à les connaitre et de leur faire sentir qu’il y aura une place spéciale pour chacun d’eux dans ma classe.
Je veux qu’ils se sentent bien et acceptés tels qu’ils sont, avec leurs forces et leurs défis.
Je veille donc à créer, pour le bien de tous, un climat de confiance avec des règles bien claires. C’est important qu’il y ait beaucoup de joie, aussi: les apprentissages se font tellement mieux dans le plaisir! L’humour est donc un allié important dans ma pratique.
Au moment de la rentrée, plusieurs enfants (et même certains profs!) sont encore en « mode vacances ». Ce faisant, je ne peux pas commencer tout de suite à enseigner la matière: je dois commencer par créer un climat favorable aux apprentissages et apprendre à connaitre chaque enfant. Je tiens à aussi me présenter pour que les enfants en connaissent un peu plus sur moi, et pour les rassurer, aussi.
D’ailleurs, cette année, j’ai décidé de téléphoner à tous mes élèves afin de créer un premier contact avec eux avant la rentrée et de leur dire que j’avais hâte de les rencontrer.
C’est simple et ça peut faire une grande différence pour un enfant un peu plus inquiet. J’en sais quelque chose; enfant,mes parents s’en rappellent très bien, je pleurais inévitablement à toutes les rentrées scolaires et…je suis devenue prof! Ma réaction était créée par le choc de la rentrée, les douces vacances qui prenaient fin, la séparation d’avec ma famille si rassurante pour moi… Tout se plaçait et j’adorais l’école, mais la transition vacances-école était difficile pour moi.
Souvent, en début d’année, je parle de mes expériences de jeunesse à mes élèves, tout spécialement pour ceux qui pleurent… Je leur dis simplement que je les comprends tout à fait. Cette simple preuve d’empathie fait souvent des miracles. Mes élèves me sourient et je vois leurs petites épaules se détendre, s’abaisser. Bien vite, les larmes passent, mais je leur permets d’en verser sans tracas.
L’élève doit aussi s’approprier sa classe et participer à sa construction.
En effet, il est important de « créer » la classe avec les élèves. Par cela, j’entends l’aspect décoration, oui; mais il s’agit surtout de déterminer quelles seront les règles, quels comportements seront encouragés et acceptés (ou non), etc. L’enfant doit sentir qu’il fait partie intégrante de la classe. Je leur fais souvent comprendre que les règles sont là pour les encadrer, les sécuriser. Je leur explique que les règles peuvent sembler contraignantes dans leur quête d’autonomie et de liberté, mais qu’elles sont aussi garantes d’un bon climat, d’un respect mutuel entre tous, un respect qui permet à chacun de trouver sa place dans notre classe et de s’y épanouir.
En somme, en début d’année, on doit PRENDRE LE TEMPS. Prendre le temps de se connaître, de se reconnaître, de s’installer, de décorer, d’établir des limites, ensuite… On pourra apprendre une tonne de choses formidables ensemble!