Enfants et stressés… Vraiment?
- Par
- Linda Doucet, Orthopédagogue clinicienne
Beaucoup d’adultes tendent à penser que ce phénomène n’existe pas chez les enfants car contrairement à eux, ils n’auraient pas de « vrais défis » à relever…. ce qui est totalement faux.
Fléau de notre époque
En effet: le stress chez les enfants existe vraiment!
Beaucoup d’adultes tendent à penser que ce phénomène n’existe pas chez les enfants car contrairement à eux, ils n’auraient pas de « vrais défis » à relever…. ce qui est totalement faux. D’autant plus que les enfants ne possèdent pas toujours l’expérience nécessaire pour s’adapter aux situations stressantes.
Ils n’ont pas de responsabilités financières, pas de gestion familiale… qu’est-ce qui pourrait bien les stresser?
Fléau de notre époque, le stress côtoie notre quotidien d’adulte, mais aussi celui de nos enfants à travers la vie de famille, l’école, les amis, les activités parascolaires, et plus encore.
Il arrive que l’on ne voit rien venir…
Autres que les symptômes physiques du stress, il y a les changements comportement qui apparaissent tout doucement. Spontanément, il ne nous vient pas à l’esprit que le stress pourrait être la cause d’un changement d’attitude chez notre enfant.
Éléments d’une situation stressante
Il est primordial de détecter le stress pour mieux le prévenir et surtout, pour ne pas l’entretenir. Il peut être un moteur important et sain dans la vie de l’enfant pour l’amener à se dépasser, mais il peut aussi être un boulet que l’enfant traînera au fil du temps, perturbant ainsi son développement et sa santé.
Pour qu’une situation soit stressante, elle doit comporter un ou plusieurs des éléments suivants:
- elle doit être nouvelle: un changement d’école, le passage garderie/école, le passage primaire/secondaire, une nouvelle activité parascolaire, quelque chose qui n’a jamais été expérimenté, etc.
- elle doit être imprévisible: un changement d’enseignant en cours d’année, un adulte important dans la vie de l’enfant qui a des sautes d’humeur, ne pas savoir à l’avance ce qui va se produire, etc.
- elle doit représenter un contrôle faible: un déménagement, une séparation, etc.
- elle menace l’égo (l’image que l’on a de soi-même): se sentir ridiculisé lors d’un exposé oral, ne pas être choisi pour remplir une responsabilité, car on croit que l’enfant en est incapable, que l’on doute de ses capacités, etc.
Enfants plus vulnérables au stress
Si l’on tient compte de la définition du stress mentionnée plus haut, il est certain que les enfants sont plus vulnérables au stress que les adultes, car ils ont peu de contrôle sur les différentes sphères de leur vie.
À cela s’ajoute tous les petits stress du quotidien:
- difficulté de s’intégrer à un groupe;
- chicane et/ou rejet d’un ami;
- peur de déplaire à ses parents, à son professeur, à ses amis;
- anticipation une situation stressante déjà vécue;
- notion de performance véhiculée tant à l’école que dans les activités parascolaires;
- horaires surchargés;
- comparaison aux autres, ou la compétition malsaine qui nuisent à l’estime de soi.
En tant que parents, parce que nous subissons nous-mêmes des pressions et des tensions dans notre quotidien d’adultes. Aussi, il arrive parfois que nous communiquions, bien involontairement, du stress à notre enfant, entre autres au moment des transitions: le matin avant le départ de l’école, au retour en fin de journée, ou lors de la période de devoirs.
Il est important de mentionner que tous ces petits moments stressants, pris un à la fois, n’ont rien de problématiques. Ce qui crée du stress, très subtilement, c’est la répétition.
L'importance du soutien parental
Les parents sont les mieux placés pour aider leur enfant à mieux gérer leur stress!
En effet, en agissant de manière à bien exposer à votre enfant à la nouveauté et à l’imprévisibilité, le parent augmentera le sens du contrôle chez son enfant, et par le fait même aidera à diminuer son stress.
- Face à la nouveauté, impliquez votre enfant dans votre projet, et parlez-lui positivement de ce changement.
- Face à l’imprévisible, soyez à son écoute, et aidez-le à nommer ses émotions.
- Ne minimisez pas ses peurs, ses craintes. Elles sont bien réelles. S’il se sent écouté, cela le rassurera.
- Permettez-lui de vivre des défis à sa mesure. Encouragez-le, et n’oubliez pas de lui rappeler que vous l’aimez, peu importe ses résultats.
- Félicitez-le devant ses efforts et pour ses progrès.
- Redonnez un peu de contrôle à votre enfant en lui permettant de faire des choix et de prendre des décisions.
Soyez un modèle pour votre enfant en vous exprimant sur vos propres émotions. N’oubliez pas que vous avez droit à l’erreur et que c’est en l’exprimant que vous laisserez un héritage positif à votre enfant!
À retenir
- Les manifestations du stress sont différentes d’un enfant à l’autre. Les changements d’attitude ou de comportement sont des indicateurs qui permettent de le détecter.
- Le rôle du parent est d’exposer son enfant aux stress normaux de la vie, les stress sains, ceux qui nous font avancer et nous développer.
- Soyons attentifs à ne pas surprotéger notre enfant devant les situations de stress qu’il peut vivre.
Références
- Bibliothèque virtuelle Comment aider mon enfant à gérer son stress? – Allô prof
- Centre d’études sur le stress humain
- Prévenir l’anxiété chez les enfants – Conseils et prévention – Portail santé mieux-être – Portail Québec santé.gouv.qc.ca conseils et prévention
- DUCLOS, Germain : Attention, enfant sous tension ! Collection du CHU Sainte-Justine. 2011
— Dernière mise à jour: 28 novembre 2016