L’impact de l’anxiété parentale sur nos enfants

8 à 10 ans
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Les enfants de parents anxieux sont cinq fois plus à risque de développer de l’anxiété que les enfants de parents non anxieux.

Les pratiques parentales

Tout d’abord, le parent doit se rappeler que, comme toutes les autres émotions, l’anxiété survient à un moment ou un autre de la vie de son enfant. Pour un parent lui-même anxieux, cette idée est difficile car l’anxiété vécue par son enfant peut lui faire raviver la sienne.

La recherche montre que les parents d’enfants anxieux ont tendance à être plus anxieux eux-mêmes que les parents d’enfants sans anxiété (2). De ce fait, les enfants de parents anxieux sont cinq fois plus à risque de développer de l’anxiété que les enfants de parents non anxieux (3).

Un lien problématique

Ce lien est problématique, car le parent anxieux peut transmettre l’idée que le monde est dangereux, encourager son enfant à être plus prudent, remettre en question ses compétences ou renforcer les comportements d’évitement en donnant, par exemple, de l’attention, un privilège ou une récompense et ignorer les comportements de bravoure face à une situation anxiogène (4). Ainsi, il semble y avoir une association entre les pratiques parentales et l’anxiété chez l’enfant (5,6).

Développer ses stratégies

De surcroît, la surprotection ou le contrôle exagéré, malgré nos bonnes intentions, confirment l’idée que le monde est dangereux et transmet à l’enfant l’idée qu’il n’a pas les habiletés requises pour y faire face. Il vaut mieux permettre les erreurs sans venir immédiatement à la rescousse afin que l’enfant apprenne à développer ses stratégies d’adaptation et un sentiment de contrôle sur lui-même et sur les situations auxquelles il doit faire face (7).

Apprentissage par observation

De plus, l’apprentissage par observation et le modelage social sont des mécanismes par lesquels la peur et l’anxiété peuvent être acquises très tôt dans le développement de l’enfant (8). Les enfants observent les comportements adoptés par leur entourage, même les plus subtils. Ainsi, par exemple, un parent qui crie à la vue d’une araignée transmet le message d’un danger potentiel!

Pour aller plus loin...

Il est néanmoins nécessaire de rappeler que le développement de l’anxiété s’explique par une interaction entre des variations biologiques et environnementales (9), que les différents modèles pour expliquer l’anxiété chez les jeunes en sont à leurs balbutiements (10), et qu’il est impossible d’établir une seule cause précise à l’anxiété, d’autant plus que les portraits cliniques des enfants anxieux varient beaucoup (11).

Une gestion efficace de son stress

Par chance, un parent qui gère bien son anxiété peut contribuer à l’apprentissage émotionnel de son enfant, et agir comme facteur de protection! Ces particularités dans les interactions parent-enfant soulignent l’importance d’impliquer les parents dans les stratégies de gestion de l’anxiété chez l’enfant, spécialement pour le parent lui-même anxieux.

Techniques simples

Connaître quelques techniques simples de gestion de l’anxiété fait en sorte que le parent devient alors le meilleur allié auprès de son enfant anxieux. Il ne peut pas faire les stratégies à la place de son enfant, mais sachant que certaines pratiques parentales peuvent alimenter l’anxiété, le parent peut utiliser différentes stratégies pour la diminuer. Voici, ce-dessous, quelques exemples de ce que le parent peut faire.

Reconnaître et normaliser les signes physiologiques

Ces réactions physiologiques sont inoffensives et sans danger. Le parent peut mentionner à l’enfant qu’il est normal de vivre de l’anxiété lors de certaines situations et de se sentir mal dans son corps. Ce n’est pas agréable, mais cela peut être une bonne occasion de passer à l’action afin d’aider l’enfant à se sentir mieux, ou de lui apprendre à tolérer cette émotion inoffensive.

Apprendre à mieux respirer

Grâce à des respirations lentes et profondes que vous pourrez pratiquer avec l’enfant dans différentes situations. La respiration profonde est le moyen le plus simple pour retrouver son calme intérieur lorsqu’on se sent anxieux. Elle permet de diminuer les réactions physiologiques face à la perception d’un danger réel ou imaginé.

Écouter attentivement

Pour s’assurer de comprendre ce que l’enfant veut dire lorsqu’il ressent un malaise afin de reconnaître son discours intérieur. Le parent peut se rappeler que les pensées anxieuses ne peuvent être chassées de l’esprit. Il faut plutôt les relativiser, les remettre en question ou les dédramatiser.

Remplacer les pensées anxieuses

Guider l’enfant pour l’aider à trouver d’autres interprétations de la situation afin de l’amener à remplacer les pensées anxieuses par des pensées plus réalistes et plus aidantes. Par exemple, il peut demander: «Comment pourrais-tu voir la situation autrement ?» ou «Quels sont les éléments qui te feraient penser le contraire?» ou «Quelles sont les preuves que ce que tu penses va arriver?».

Questionner l’enfant

Ce sera plus efficace que de le rassurer (éviter de trop rassurer) lors des demandes excessives afin que l’enfant apprenne à se rassurer lui-même.

Utiliser un thermomètre de l’anxiété

Prendre note que toutes ces interventions sont inutiles si l’enfant est trop anxieux. Afin d’évaluer son niveau d’anxiété, le parent peut utiliser un thermomètre de l’anxiété familial gradué de 0 à 10 (imaginaire ou illustré). Si l’anxiété est entre 6 et 10, il invite l’enfant à se calmer par la respiration profonde, sans plus, en restant près de lui afin de lui offrir une présence rassurante. Ne pas lui parler pendant ce temps pour ne pas donner d’attention aux comportements anxieux. Lorsque son niveau d’anxiété est entre 2 et 5 sur le thermomètre, le parent peut inciter l’enfant à utiliser les stratégies qu’il connait.

Récompenser ses efforts

Renforcer et récompenser tous les efforts de l’enfant qui visent à diminuer l’anxiété sur son thermomètre de l’anxiété; encourager les comportements courageux, les défis, la bravoure.

Examiner ses propres peurs

Le parent sera moins efficace à accompagner son enfant si sa propre anxiété est en pleine ébullition ! Comme le modelage social est une excellente façon d’apprendre, travailler sur sa propre anxiété et utiliser pour soi-même les stratégies de gestion de l’anxiété est une merveilleuse façon d’aider son enfant à gérer la sienne afin de donner l’exemple. Les stratégies deviennent alors familiales et plus robustes.

Le trouble anxieux

Il est essentiel de rappeler que les problèmes d’anxiété plus graves peuvent entraîner un diagnostic de trouble anxieux. L’anxiété devient un problème quand elle prend trop de place, empêche de faire des choses au lieu d’aider, fait perdre ses moyens et épuise les ressources.

Dans ces cas ou si la situation perdure ou devient hors de contrôle, des interventions spécifiques sont primordiales. Le parent est invité à communiquer avec l’Ordre des psychologues du Québec afin d’obtenir les références appropriées pour lui-même ou pour son enfant (www.ordrepsy.qc.ca ou 1 800 561-1223).

Références

  • (1)Le contenu est tiré et adapté de Massé, L., Verreault, M. et Verret, C. (2011). Mieux vivre avec le TDAH à la maison. Montréal : Chenelière Éducation.
  • (2)Cooper, P. J., Fearn, V., Willets, L., Seabrook, H. et Parkinson, M. (2006). Affective disorder in the parents of a clinic sample of children with anxiety disorders. Journal of Affective Disorder, 93, 205-212.
  • (3)Beidel, D. C. et Turner, S. M. (1997). At risk for anxiety: I. Psychopathology in the offspring of anxious parents. Journal of the American Academy of Child & Adolescent Psychiatry, 36, 918-924.
  • (4)Barrett, P. M., Rapee, R. M., Dadds, M. R. et Ryan, S. (1996). Family enhancement of cognitive style in anxious and aggressive children. Journal of Abnormal Child Psychology, 24, 187-203.
  • (5)Edwards, S. L., Rapee, R. M. et Kennedy, S. (2010). Prediction of anxiety symptoms in preschool-aged children: Examination of maternal and paternal perspectives. Journal of Child Psychology and Psychiatry, 51, 313-321.
  • (6)McLeod, B. D., Wood, J. J. et Weisz, J. R. (2007). Examining the association between parenting and childhood anxiety: A meta-analysis. Clinical Psychology Review, 27, 155-172.
  • (7)Keeley, M. L. et Storch, E. A. (2009). Anxiety disorders in youth. Journal of Pediatric Nursing, 24, 26-40.
  • (8)Gerull, F. C. et Rapee, R. M. (2002). Mother knows best: Effects of maternal modelling on the acquisition of fear and avoidance behaviour in toddlers. Behaviour Research and Therapy, 40, 279-287.
  • (9)Gregory, A. M. et Eley, T. C. (2007). Genetic influences on anxiety in children: What we've learned and where we're heading. Clinical Child and Family Psychology Review, 10, 199-212.
  • (10)Muris, P. (2007). Normal and Abnormal Fear and Anxiety in Children and Adolescents. Burlington, MA: Elsevier.
  • (11)Mash, E. J. et Wolfe, D. A. (2016). Abnormal Child Psychology, 6th Edition. Boston, MA: Cengage Learning.

— Dernière mise à jour: 28 novembre 2016

Biographie

Psychologue

Dre Martine Verreault est psychologue à la Clinique de psychologie Jeunes ÊTRE située à Châteauguay et chargée de cours universitaire. Depuis sa thèse doctorale, les interventions proposées par Dre Verreault promeuvent le plein épanouissement des jeunes et soulignent l’importance de l’implication active de leurs parents, leur entourage familial ainsi que leurs différents milieux de vie. Son expertise clinique met en lumière l’influence de la comorbidité sur l’efficacité des traitements offerts. Dre Verreault est auteure de publications consacrées au TDAH et à l’anxiété et est régulièrement invitée à présenter ses pratiques cliniques sur diverses tribunes.

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