Mon enfant a volé… comment réagir?

9 à 11 ans
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Sujet tabou, le vol chez les enfants fait pourtant partie d’un apprentissage. Un jouet, des vêtements ou des bonbons, peu importe la nature du vol, apprendre à ne pas s’emparer du bien d’autrui fait partie des valeurs à inculquer à son enfant. Mais comment intervenir pour y mettre fin? Cynthia Graton, psychoéducatrice, nous propose des interventions qui fonctionnent.

Du simple larcin au vol à répétition

Le rôle des parents présente son lot de défis.  Nous apprenons à être parent parce que nous avons été l’enfant de quelqu’un. Ensuite, on fait notre gros possible.

En tant que psychoéducatrice et mère de quatre enfants, je peux affirmer que peu de parents arrivent à garder leur calme face à un de leur enfant qui commet un vol, et ce, peu importe son âge. Ce texte vise à vous informer sur les meilleures façons d’intervenir dans un tel cas.

Le vol en bas âge

Avant l’âge de 7-8 ans, il est parfois difficile pour l’enfant de comprendre clairement la gravité d’un vol. La notion de propriété ou de bien qui appartient à autrui n’est pas innée. Le parent doit donc enseigner à son enfant cette notion. Il est important de ne pas utiliser la culpabilité ou la honte pour appuyer notre enseignement. L’humilier en le traitant de voleur ne règlera rien. On doit plutôt faire comprendre à l’enfant comment son comportement affecte les autres et/ou comment son comportement l’affecte lui. Le parent doit dire clairement à l’enfant comment il souhaite qu’il se comporte: «Je veux que tu me demandes la permission avant de prendre une collation dans l’armoire», «Il est important de payer les choses que l’on prend au magasin».

Ensuite, l’enfant doit faire face aux conséquences naturelles de son geste, par exemple, devoir redonner l’objet, présenter des excuses, perdre la confiance d’un ami, etc. Ces conséquences naturelles sont inévitables, inéluctables et très puissantes pour corriger le comportement inadéquat dans la majorité des cas. Ajouter une conséquence non naturelle (ex.: confisquer un objet) ne vous aidera pas à corriger le comportement inadéquat.

L’enseignement de la notion de propriété et la clarification de vos attentes devrait être suffisant dans la majorité des cas. Si toutefois, ce ne l’était pas, voici comment aborder la chose.

Les vols répétitifs

Il est parfois facile de perdre de vue que «le vol» n’est qu’un comportement mésadapté que nous allons corriger de la même façon que l’on corrige tout type de comportements mésadaptés.

Pour réagir de façon adaptée dans la vaste majorité des circonstances que l’on rencontre dans notre vie, nous devons avoir plusieurs compétences internes de bases – notamment en matière de flexibilité cognitive et d’adaptabilité, de tolérance à la frustration, de résolution de problèmes. Un enfant qui convoite un objet ne lui appartenant pas est appelé à contrôler ses pulsions ce qui en soit fait appel à plusieurs de ses compétences internes. Pour certains enfants, ces compétences ne leur sont pas innées. Nous allons devoir les lui enseigner pour qu’il puisse les développer et ainsi les déployer lorsque les circonstances de la vie le demandent.

La solution: une collaboration entre le parent et l’enfant

Vous comprenez peut-être maintenant pourquoi les interventions disciplinaires traditionnelles – comme des stratégies de conséquences basées sur les récompenses et les punitions ne fonctionnent pas (enlever du temps de jeu vidéo, retirer un objet, ajouter des tâches rébarbatives). En effet, ces stratégies n’aident en rien au développement de ces compétences internes. Le modèle d’intervention Collaborative and Proactive Solution, élaboré par le Dr. Ross Greene peut vous aider à y parvenir (https://www.livesinthebalance.org/).

Ce modèle s’appuie sur des données probantes et empiriques. Dans le modèle de solutions proactives et collaboratives (CPS), les adultes et les enfants travaillent ensemble pour résoudre les difficultés de l’enfant en utilisant un modèle de discussion appelé Plan B.

Le Plan B est composé de trois étapes et contribue au développement des compétences internes mentionnées plus haut.

La première étape (L’Empathie) vise à comprendre ce qui empêche l’enfant de respecter la propriété d’autrui (ex.: «Je veux jouer avec ce jouet mais je pense que mon ami ne voudra pas»).

La deuxième étape (La définition du problème) vise à lui faire part de nos préoccupations d’adulte en lien avec cette difficulté (ex.: «C’est un manque de respect pour ton ami»).

La troisième étape (L’invitation) vise à collaborer avec l’enfant à trouver une solution qui sera réaliste et mutuellement satisfaisante (ex.: «Je me demande comment on pourrait faire pour que tu puisses jouer avec ce jouet sans avoir peur que ton ami refuse tout en restant respectueux envers ce dernier.»). Une fois la table mise pour résoudre le problème de façon collaborative avec l’enfant, toutes les solutions sont permises en autant qu’elles soient réalistes/faisables et satisfaisantes pour l’enfant et l’adulte.

Les recherches démontrent de façon très claire que grâce à l’utilisation de ce modèle de discussion entre l’adulte et l’enfant les compétences internes sont enseignées et aident l’enfant à les développer. Ainsi, vous comprendrez que si l’enfant les développe, il est alors en mesure de les déployer dans les contextes de vie où elles lui sont nécessaires et le comportement mésadapté fait place à un comportement adapté.

À retenir

  • Bien définir nos attentes envers notre enfant en lien avec le vol.
  • Les conséquences naturelles sont souvent suffisante pour corriger la situation.
  • Dans le cas où le problème persiste, le fait d’ajouter plus de conséquences ne changera rien à la situation.
  • Avoir une discussion proactive et collaborative (Plan B) avec notre enfant nous aidera à résoudre le problème et à travailler ses compétences manquantes.

— Dernière mise à jour: 27 janvier 2021

Biographie

Psychoéducatrice

Cynthia Graton est psychoéducatrice et membre de l’Ordre des psychoéducateurs et psychoéducatrices du Québec depuis 2000.  Depuis près de 20 ans, elle est psychoéducatrice à l’Institut Philippe-Pinel de Montréal, un hôpital voué au traitement des troubles comportementaux les plus graves et les plus persistants dans le système de santé. Elle détient une formation de pointe dans l’approche basée sur le modèle des solutions proactives et collaboratives élaboré par le Dr. Ross Greene et oeuvre comme consultante et superviseure pour des organismes à l’échelle mondiale (écoles, centres jeunesse et hôpitaux) afin de les soutenir dans le processus d’implantation de ce modèle. En plus de son temps clinique auprès des enfants et leur famille, elle propose des ateliers de formation afin d’aider les parents et les professionnels à mieux comprendre les comportements difficiles chez les enfants pour sortir du système de récompenses et punitions et ainsi arriver à intervenir autrement.

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