Retrouver l’harmonie avec un enfant montrant de l’opposition

14 à 14 ans
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Affrontement, cris, épuisement… l’opposition chez l’enfant peut rapidement mener les parents à se sentir complètement démunis. Avec quelques stratégies gagnantes, de la persévérance et l’appui d’un spécialiste en cas de besoin, cette situation peut certainement devenir chose du passé.

L’opposition est une période normale, voire essentielle, du développement d’un enfant. Vers l’âge de deux ans, l’enfant comprend qu’il dispose d’un certain contrôle sur son environnement, mais surtout sur les gens autour de lui (Hammarrenger B.). En plus de dire «non» à une demande, il obtient des gains secondaires comme certaines réactions de la part des gens, par exemple la colère d’un parent ou l’attention des adultes de son environnement.

Quelques précisions sur l’opposition

Les comportements oppositionnels de l’enfant sont le fruit d’une quête d’autonomie qui lui permet de forger son identité. Il réagit ainsi pour s’affirmer en tant qu’individu, et cette période de confrontation s’estompe par elle-même dans la plupart des cas. Il est donc essentiel de bien comprendre cette phase de développement de l’enfant afin d’adapter vos réactions et vos exigences envers lui. Bien sûr, un refus catégorique d’un enfant de deux ans qui exprime une frustration peut aussi vouloir dire qu’il apprend simplement à s’affirmer et non qu’il s’oppose!

Plusieurs facteurs peuvent influencer l’apparition de conduites opposantes : le tempérament de l’enfant, la fatigue, un manque d’habiletés sociales, un bouleversement émotif tel qu’une séparation ou la naissance d’un enfant, l’épuisement des parents et un style d’autorité trop sévère, relâché ou inconstant. L’opposition peut aussi découler d’un problème de santé mentale, comme le trouble du déficit d’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ou le syndrome de Gilles de la Tourette (SGT).

Opposition et trouble d’opposition

Alors, comment distinguer l’opposition passagère d’un réel trouble d’opposition? Lorsqu’un enfant présente un trouble d’opposition, une lutte de pouvoir s’établit, l’équilibre familial est grandement perturbé et les parents se sentent généralement épuisés. Ils ont l’impression que c’est l’enfant qui «gère» la maison. Concrètement, l’enfant peut réagir de trois manières : de façon passive, en ne répondant tout simplement pas; de façon active, en détruisant les objets, en criant et en frappant; ou de façon passive-agressive, en faisant seulement semblant de respecter la consigne (Hammarrenger B.).

Le trouble d’opposition avec provocation touche de 3 à 5 % des enfants. Il peut s’aggraver si les parents n’interviennent pas et risque de nuire considérablement au fonctionnement de l’enfant.

L’importance d’une évaluation juste de l’enfant

Dans tous les cas, si votre enfant présente une dynamique d’opposition et que les difficultés persistent malgré vos interventions, il serait pertinent de consulter un professionnel qualifié, tel qu’un psychoéducateur ou un travailleur social, afin de vous aider à traverser vos difficultés familiales. De plus, s’il y a lieu et selon ses observations et impressions cliniques, ce professionnel vous suggéra peut-être de demander une évaluation plus approfondie en neuropsychologie ou en pédopsychiatrie afin de voir si un trouble neurodéveloppemental (TDAH, SGT) n’expliquerait pas les difficultés persistantes chez l’enfant. Il est aussi possible qu’un diagnostic de trouble d’opposition soit posé à la suite de l’évaluation.

Des stratégies pour minimiser l’opposition

Néanmoins, qu’il soit question d’opposition transitoire ou d’un réel trouble d’opposition, il est possible de mettre en place un cadre rassurant et des moyens adaptés afin de réduire l’opposition et d’améliorer l’atmosphère familiale.

Voici quelques stratégies efficaces pour contrer l’opposition à la maison.

  1. Donnez de l’attention positive. Il est connu que l’enfant ayant besoin d’attention s’organisera pour en trouver, peu importe la façon dont il s’y prendra. Alors, il vaut mieux lui en donner de façon positive au moment qui vous convient. Ainsi, il est fortement conseillé de passer au moins 5 minutes seul à seul avec votre enfant, tous les jours. Les moments privilégiés lors du coucher pour lire une histoire ou faire des chatouilles sont d’excellents moyens de lui démontrer votre amour. Aussi, les repas en famille sont précieux pour questionner votre enfant sur ses champs d’intérêt, ses relations avec ses pairs et les émotions vécues dans la journée afin de le faire sentir important à vos yeux. Pendant l’heure des repas, il est très intéressant de retirer tous les stimuli (télévision, cellulaire) afin de vivre ces précieux moments de qualité sans interruption.
  2. Adoptez un style d’éducation positif. Misez sur la valorisation des bons coups et sur le renforcement positif afin de donner envie à votre enfant de bien se comporter. Il faut que cela soit «payant» de respecter les règles! Adoptez une attitude bienveillante en tentant de souligner au moins un bon coup par jour. La mise en place d’un babillard de réussites ou d’une boîte à bons coups sont des idées intéressantes afin de valoriser les bons coups de l’enfant. Offrez des récompenses relationnelles le plus souvent possible (cuisiner avec maman, sport avec papa, etc.) pour souligner une bonne conduite. Un tableau d’émulation ciblant un ou deux comportements souhaités peut aussi être utile à court terme à la maison, mais celui-ci doit absolument viser des récompenses et non la perte de privilèges.
  3. Établissez des règles claires à la maison. Il est primordial de clarifier vos attentes. Votre enfant a besoin de connaître où se situent les limites. Les règles doivent être établies en équipe et en consensus avec votre conjoint. Il est possible que vous n’ayez pas les mêmes visions des règles à adopter. Essayez d’en discuter autant que possible entre adultes seulement. Ensuite, expliquez clairement les règles à votre enfant et assurez-vous qu’elles sont bien comprises. Celles-ci peuvent être affichées dans la maison en guise de rappel.
  4. Choisissez vos priorités d’intervention. Misez sur les comportements opposants qui vous dérangent le plus par rapport aux valeurs que vous souhaitez davantage préconiser à la maison (respect, politesse, etc.). Dites-vous que plus vous intervenez, moins vos interventions seront efficaces, alors vaut mieux choisir les cibles prioritaires. De plus, un enfant dont le parent est constamment en train de le reprendre ou de lui donner des consignes peut voir son estime de soi minée, puisqu’il aura l’impression de ne pas être à la hauteur.
  5. Faites des demandes efficaces. Il est important de faire une demande à l’enfant en s’assurant qu’il prête attention à ce qu’on lui dit. Il peut être intéressant de se mettre au niveau de l’enfant, c’est-à-dire près de lui, et d’éteindre toute forme de distraction avant de lui donner la consigne. Celle-ci doit être brève, claire, affirmative et donnée sur un ton calme (Massé, Verreault et Verret, 2011). N’oubliez pas de donner une seule consigne à la fois et assurez-vous que l’enfant a bien compris en lui faisant répéter la demande. Il peut aussi être pertinent de laisser un délai à l’enfant pour se conformer à la consigne. Parfois, certains enfants ont besoin de plus de temps pour assimiler une demande.
  6. Appliquez sans négocier les conséquences logiques. Les conséquences doivent être proportionnelles au geste posé et liées le plus possible au comportement. Voici quelques principes de base dans l’octroi de conséquences:
    • Optez pour des conséquences naturelles : un enfant qui détruit un jouet ne doit pas s’attendre à voir celui-ci réparé.
    • Déterminez un geste de réparation : faire une tâche supplémentaire pour sa sœur, une lettre d’excuse pour son frère, etc.
    • Évitez les doubles conséquences ou les conséquences trop sévères souvent impossibles à maintenir ou octroyées sous le coup de la colère (un mois sans cellulaire, pas d’amis pour l’été, etc.). Reconnaissez vos torts si vous vous êtes emporté ou avez donné une conséquence disproportionnée.
    • Faites participer l’enfant à la prise de décision (tu m’avertiras lorsque tu seras calme) afin que celui-ci apprenne à maîtriser son contrôle interne.
    • Offrez de faux choix : donnez deux options à l’enfant lors de l’annonce d’une conséquence (dessin d’excuse ou prêt d’un jouet).
  7. Cessez toute forme d’argumentation. Il faut couper le plus possible le discours avec un enfant qui s’oppose. Vous pouvez utiliser un code tel que STOP ou tout simplement la méthode 1-2-3, dans laquelle vous appliquez une conséquence si vous vous rendez jusqu’à 3. Aussi, vous pouvez utiliser la méthode du PERROQUET : répétez la même consigne tant que l’enfant ne se conforme pas et éloignez-vous pour que l’enfant ne puisse pas argumenter.
  8. Demeurez neutre et le moins émotif possible. Il est primordial de demeurer neutre lorsque vous intervenez avec votre enfant en utilisant un ton calme, mais ferme. N’hésitez-pas à demander l’aide de vos proches si vous sentez que vous êtes en train de perdre la maîtrise de vos émotions. Retirez-vous sans tarder dans un endroit paisible. Ignorez toutes les tentatives de provocation de votre enfant lorsqu’il vous dit que la conséquence ne le dérange pas. C’est FAUX! Il tente de vous déstabiliser! Si jamais vous perdez le contrôle, il est important de s’excuser en affirmant que vous regrettez de vous être mis en colère et que, la prochaine fois, vous utiliserez un moyen pour mieux gérer votre frustration.
  9. Soyez constant. Appliquez sans négocier la conséquence annoncée. Pensez au principe de gambling ou du billet de loterie. Même si vous avez peu de chances de remporter le gros lot, vous tentez tout de même votre chance. De la sorte, l’enfant se rappelle de la fois où vous avez cédé et qu’il a réussi à se «sauver» de la conséquence. Ainsi, si le comportement opposant permet parfois à l’enfant d’obtenir ce qu’il veut, il le reproduira jusqu’à ce qu’il obtienne l’effet souhaité (Doyon, 2011). Les renforçateurs intermittents (le fait de céder une fois aux caprices de l’enfant ou de lui retirer une conséquence) sont les plus puissants.
  10. Donnez un sens à l’opposition. Tentez de comprendre pourquoi c’est «payant» pour lui de s’opposer. Cherchez à mieux saisir les émotions derrière les comportements négatifs en étant à l’écoute de ses besoins et en le questionnant sur son état émotif.

Pour conclure, rappelons «l’effet contrecoup» de l’établissement de règles constantes à la maison ainsi que du resserrement de la discipline. Très souvent, après quelques jours, l’intensité et la fréquence des comportements opposants peuvent augmenter et c’est généralement à ce moment que le parent abandonne les stratégies mises en place, croyant que celles-ci ne fonctionnent pas. Pourtant, c’est un excellent signe si votre enfant réagit de la sorte, et cette recrudescence d’opposition prouve qu’il réalise qu’il n’obtient plus ce qu’il désire.

Généralement, après trois semaines de cadre constant, les difficultés s’estompent peu à peu, mais il ne faut surtout pas abandonner! Faites-vous confiance comme parent et rappelez-vous tout ce que vous avez réussi à maintenir depuis l’arrivée de votre enfant. La constance n’est qu’un pas de plus vers l’harmonie!

À retenir

  • L’opposition est normale et fait partie du développement sain de l’enfant.
  • Différents facteurs peuvent expliquer l’apparition de l’opposition et il est important de bien saisir ce qui se passe chez l’enfant.
  • Un style d’éducation positif, du temps de qualité avec l’enfant, des règles claires de même que des conséquences appliquées avec constance permettent de retrouver l’harmonie familiale.
  • Une intervention adaptée ou une évaluation d’un professionnel qualifié sont essentielles si les difficultés persistent.

Références

— Dernière mise à jour: 26 septembre 2017

Biographie

M. Sc., Psychoéducatrice

Issue de plus de 15 ans d’expériences, Vickie Bois a œuvré dans le réseau de la santé et de l’éducation où elle a accompagné des milieux scolaires ainsi que des classes spécialisées en plus d’avoir occupé des postes en santé mentale jeunesse et en pédopsychiatrie. Ayant reçu des distinctions honorifiques élogieuses comme le prix Relève du CISSS des Laurentides et de l’Université du Québec en Outaouais (UQO) ainsi que le prix Gilles Gendreau de l’Ordre des psychoéducateurs/psychoéducatrices pour ses idées innovantes, son savoir-être et sa rigueur, elle est une psychoéducatrice très reconnue et engagée. Depuis les dernières années, elle a souhaité partager son savoir et faire la différence à travers différentes conférences et formations en ligne. Son leadership, sa grande capacité à communiquer efficacement et à influencer les pratiques, font d’elle une formatrice fort appréciée et déterminante dans la mobilisation des acteurs et le changement des pratiques dans les milieux. De plus, elle est fondatrice de SOSchangement et SOSpsychoéducation où elle accompagne des familles en difficulté de la région des Laurentides, mais aussi partout au Québec. Dévouée, passionnée et rigoureuse, elle souhaite faire LA différence dans la vie des personnes en difficulté en offrant des services personnalisés aux enfants, aux adolescents et aux adultes en difficulté d’adaptation. «Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde». – Gandhi

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