Stress, anxiété, angoisse: du normal au trouble

13 à 13 ans
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Tentons de voir plus clair entre ces termes et de distinguer ce qui est normal de ce qui est problématique!

Les gens utilisent souvent le mot « stress » pour parler de leur « anxiété », sans faire la distinction entre les deux. Dans le même sens, dans le langage populaire, le mot « angoisse » se trouve souvent galvaudé.

Et en même temps, le stress et l’anxiété font partie de la vie des enfants et des adultes. À petite dose, c’est sain car ils nous mobilisent à agir, mais à trop forte dose (en quantité et en durée), le corps s’épuise et se vide de son énergie.

Tentons de voir plus clair entre ces termes et de distinguer ce qui est normal de ce qui est problématique!

Le stress

Utilisons une image pour illustrer la différence entre le stress et l’anxiété.
Si je suis dehors et qu’une abeille me tourne autour, c’est stressant. Mais si j’ai peur que l’abeille me pique, que je me sauve ou que j’anticipe qu’elle revienne, il s’agit d’anxiété.

Ainsi, le stress fait référence aux événements de la vie, même ceux qui sont positifs. Par exemple un changement d’école ou de garderie, un déménagement, l’arrivée d’un nouveau bébé dans la famille, le mariage des parents, le décès d’un membre de la famille, le changement d’éducatrice ou d’enseignante, la pression constante pour aller plus vite ou être plus efficace, etc.

Ce sont tous des événements qui vont demander au corps de s’adapter en sécrétant des hormones dont le cortisol qui, à court terme, mobilisera le corps, mais à long terme sera nuisible pour la santé physique et psychologique.

Ainsi, l’accumulation d’événements stressants, même ceux qui paraissent banals pour l’adulte, peut déclencher un problème d’anxiété chez l’enfant. C’est entre autres pour ces raisons que les vacances sont nécessaires pour les enfants et les parents, afin de refaire le plein d’énergie sans stress ni pression.

L'anxiété

L’anxiété ressemble au stress au niveau des hormones sécrétées par le corps qui poussent la personne à agir face à un événement.

Par exemple, lors d’un examen à venir ou d’un exposé oral, l’enfant pourra ressentir une certaine crainte d’échouer (ou d’avoir l’air ridicule, d’avoir un blanc de mémoire), ce qui le poussera à bien se préparer et étudier pour réussir.

Ou encore, au moment d’arriver dans un nouveau milieu avec des personnes inconnues, l’enfant pourra ressentir de la crainte face à cette nouveauté, ce qui l’aidera à s’approcher doucement et à percevoir les dangers réels.

Ce qui différencie l’anxiété du stress, c’est l’émotion de peur ressentie par l’enfant, le sentiment d’une menace, d’un danger, sans qu’il soit réel. Par exemple: la peur de l’abeille qui persisterait au-delà de sa présence.

Quand l'enfant éprouve cette émotion, l’adulte tente souvent de le raisonner, de lui expliquer qu’il n’y a pas de raison d'avoir peur, il tente de le convaincre de se calmer. Une telle attitude peut entraîner des comportements de fuite. Par exemple: partir en courant à la vue d’une abeille.

Deux autres éléments importants que l’on retrouve avec l’anxiété sont:

  • la confiance en soi.
  • la perception.

Plus un enfant se sent petit (ou manque de confiance en soi) face à un objet qui lui fait peur, et plus il perçoit l’objet de sa peur comme étant gros, plus l’anxiété sera forte. Ce qui peut amener un cercle vicieux: si rien n’est fait pour aider l’enfant à se sentir plus confiant et moins petit, l’anxiété risque de s’installer pour plus longtemps :

cercle_vicieux_anxiete

L'angoisse

L’angoisse, quant à elle, reprend les mêmes émotions que l’anxiété, mais l’objet de la peur est plutôt diffus: la personne ne sait pas de quoi elle a peur, mais elle ressent dans son corps un malaise, une boule dans l’estomac. Ainsi, l’enfant va se sentir mal, ressentir des symptômes tel qu’un le mal de cœur ou une boule dans la gorge sans être capable d’identifier sa peur.

anxiete_continuum

L'anxiété sur un continuum

Dans cette ligne de pensée, regardons l’anxiété et l’angoisse sur un continuum. Sur un côté, il s’agit d’une anxiété passagère et normale qu’on rencontre dans le développement de l’enfant. Par exemple :

  • vers huit mois, c’est la peur des étrangers ;
  • les petits peuvent avoir peur des bruits forts, comme le tonnerre ;
  • vers trois ans, c’est la peur des personnages imaginaires, tels que les monstres et les sorcières ;
  • vers cinq ans, c’est la crainte de débuter l’école ;
  • vers huit ans, ce sont des craintes plus sociales et existentielles tels que la peur d’être rejeté par ses amis, d’avoir l’air ridicule, peur de vieillir et de la mort.

Ces peurs pourront habiter l’enfant durant quelques semaines sans qu’il ne soit envahi par cette pensée. De même, reprenant l’analogie des abeilles pour expliquer l’anxiété normale, si un enfant se fait piquer, il sera normal qu’il adopte un comportement de protection ; il pourra éviter temporairement de sortir ou d’aller à l’endroit où s’est produit l’événement. Mais peu à peu, la crainte s’estompera et l’enfant affrontera sa peur.

À l’autre extrême du continuum, l’anxiété peut devenir une réelle souffrance et affecter toutes les sphères de la vie de l’enfant (familiale, sociale et scolaire).

Ce dernier se trouve envahi par la peur, ce qui l’amène à éviter les situations qui font naître la peur en lui. Par exemple: un enfant qui ne voudrait plus aller à l’école.

Ainsi, lorsque le comportement de fuite dure au-delà de six mois, que la peur prend toute la place dans la tête de l’enfant et le fait souffrir, on parle d’un trouble d’anxiété. C’est le cas pour seulement 10% des enfants.

À ce stade, il sera nécessaire de consulter et de chercher à comprendre les causes de cette anxiété afin de trouver les moyens appropriés pour aider l’enfant. Il n’est évidemment pas nécessaire d’attendre qu’un trouble d’anxiété soit installé pour aller chercher de l’aide puisque plus on tarde à consulter, plus long risque d’être le traitement.

À retenir

  • L'accumulation d'événements stressants peut déclencher un problème d'anxiété chez l'enfant.
  • L'émotion de peur ressentie par l'enfant, le sentiment d'une menace, d'un danger, sans qu'il ne soit réel, distingue l'anxiété du stress.
  • L'angoisse est un sentiment plus diffus: la personne ne sait pas de quoi elle a peur, mais elle ressent un malaise dans son corps.

— Dernière mise à jour: 24 novembre 2016

Biographie

Psychologue et chargée de cours

Nathalie Parent est psychologue et chargée de cours à l’Université Laval depuis 2001, formatrice et conférencière depuis 1996, en plus d’être l’auteure de livres, textes et articles en collaboration avec différents médias, dont le Journal de Montréal et de Québec. Psychothérapeute en bureau privé auprès des enfants, adolescents, adultes, couples et familles, elle est aussi superviseure clinique et co-fondatrice de Multi Ressources Québec.

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