La séparation : aller de l’avant

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De nombreux parents ressentent de la culpabilité envers leurs enfants à la suite d’une séparation. Le cheminement vers l’harmonie familiale n’est certes pas aisée, mais la vie continue et le soleil finit par revenir, comme en témoigne cette mère de famille recomposée.

Une séparation, ce n’est jamais facile, peu importe les motifs qui nous ont amenés vers cette solution. Pour tous les membres de la famille, il s’agit d’un tsunami d’émotions qui semble s’éterniser par moments. Et comme tout tsunami, cela entraîne des dommages collatéraux qui sont tout aussi douloureux.

Alors, comment aller de l’avant après une épreuve qui laisse autant de traces?

Je vous dirais que, pour ma part, ça dépend des jours. Il faut une bonne dose de confiance en soi et une santé mentale de fer pour y arriver. Et dans mon cas, il me manquait un peu des deux pour pouvoir garder le cap.

Apprendre à vivre sans mes enfants une semaine sur deux fut pour moi l’un des plus grands défis de ma vie. Ça l’est toujours, mais je suis vraiment rendue bonne. J’étais devenue une maman et je ne savais plus comment être autrement. « Prends du temps pour toi! » Ben oui! Mais je fais quoi de tout ce temps? De toute façon, tout ce que j’aimais faire n’avait plus le même goût sans eux. J’ai donc sombré doucement vers la dépression, vers ce gouffre qui m’attirait vers le bas, emportant tout ce que j’avais de bon… et ma confiance en moi aussi. Cette confiance construite petit à petit, dans laquelle j’avais mis tant d’énergie. Pouf! Partie…

Il y a ce que tu penses de toi et ce que les autres pensent de toi. Bien sûr qu’ils veulent tous t’aider, mais sans jamais oublier de passer ce petit commentaire qui fait juste te rappeler que ta vie est sens dessus dessous! « Comment vas-tu faire pour te sortir de là? » De quoi? La vie des autres est-elle si parfaite? La famille nucléaire du bon vieux temps était-elle si rassurante? Je me souviens de quelques tempêtes dans ma parfaite famille nucléaire alors que j’étais enfant… Est-ce qu’aller ailleurs est si épouvantable?

Cela fera bientôt six ans que ma famille nucléaire a éclaté et que j’ai mes enfants une semaine sur deux, et presque trois ans maintenant que nous vivons en famille recomposée. Il n’y a rien de facile. Mais quand je regarde mes amis qui vivent dans le modèle de base, appelons-le ainsi, je vois bien qu’ils rencontrent les mêmes difficultés. Je constate que le quotidien, les enfants, la discipline, les lunchs et les conflits touchent toutes les familles, peu importe le modèle.

Lorsqu’on a l’estime de soi à plat, on n’a pas la force de se tenir debout face aux détracteurs. Mais je vais mieux. Beaucoup mieux!

J’ai décidé, en ce début d’année, que mon modèle de famille m’appartenait! C’est moi qui vis au quotidien avec ces enfants et ce conjoint. On place nos règles tranquillement. On apprend à vivre ensemble un jour à la fois. On se chicane. Ben oui! Mais on se parle. Et on règle nos conflits. Tout le temps.

Je sais que c’est difficile pour mes enfants. Changer de maison, s’adapter aux règles et aux exigences différentes, se séparer d’un parent à chaque semaine. Ils me répètent souvent qu’ils trouvent ça dur. Et je l’entends.

Je me dis souvent que cette situation les rend plus forts. Il fut un temps où je me disais que c’était pour me donner bonne conscience que je me répétais ça. Mais je sais aujourd’hui que c’est vrai. Ils sont de meilleures personnes. Ils apprennent une autre façon de vivre. Ils vivent de beaux moments de part et d’autre. Ils sont aimés dans les deux maisons.

Détrompez-vous! Je ne minimise pas la peine qu’ils ont par moments ou la colère qu’ils vivent dans cette réalité qui est la leur. Au contraire, je suis toujours là pour les écouter et trouver une solution qui est réaliste, comme je l’aurais fait dans le modèle conventionnel. Et vivre dans une famille « normale », ça n’immunise pas contre la tristesse et la colère…

Alors, cette estime de moi qui est si fragile, eh bien, ce n’est pas cette année que je vais la laisser tomber. Je n’ai plus le goût qu’on me regarde comme une extraterrestre. Je n’ai plus envie de sentir le jugement des autres. Vous pouvez bien prétendre que vous vivez sur un petit nuage rose où l’amour entre les conjoints est tous les jours romantique, où les enfants écoutent au premier avertissement, où les portes d’armoire fermées avec force et les pleurs n’existent pas. Mais je ne vous croirai pas.

Je sais maintenant que ma vie est belle. Avec ses journées de blues et ses journées de petits bonheurs. Je sais que mes enfants sont bien, parce que leur père et moi, on les aime très fort. Parce qu’ils sont bien entourés, écoutés et soutenus.

Ils feront leur place comme les autres et je sais que, plus tard, ils réussiront autant que ceux issus de « la belle petite famille parfaite! »

Cette année, je vais de l’avant! Que ceux qui m’aiment me suivent!

Biographie

Maman de trois enfants, Annie vit la belle et douce folie de la vie de famille, avec les hauts et les bas qu’elle apporte. Infirmière de formation, elle a pratiqué durant plusieurs années à l’hôpital Sainte-Justine avec les bébés prématurés et leur famille.  Puis, pour concilier le travail et la famille, elle a choisi de poursuivre sa carrière en CLSC avec les familles en attente d’un bébé ou ayant des enfants en bas âge. Prévention et éducation sont les défis de son quotidien, tant au travail qu’à la maison!  Elle est l’auteure du livre « TDAH, mon enfant bionique » aux Éditions Béliveau éditeur.

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