Le consentement et nos enfants: comment leur apprendre à dire NON!

8 à 10 ans
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Apprendre la notion de consentement à son enfant est essentiel au développement du sens de son intégrité physique et sexuelle. Mais comment s’y prendre? Quels mots utiliser et quels faux pas sont à éviter? La sexologue Louise Groleau répond à ces questions et offre aux parents des stratégies concrètes leur permettant d’enseigner à leur enfant à dire NON!

L’étymologie du mot «consentir» vient du latin consentire qui signifie «être d’accord avec». Dans le langage courant, il y a aussi l’idée d’accepter que quelque chose se fasse et parfois même d’en être complice; nous connaissons tous le célèbre dicton: Qui ne dit mot consent. Depuis quelques années, les scandales et les dénonciations entourant #moiaussi ainsi que des campagnes de sensibilisation s’efforcent d’exposer différentes situations d’abus en précisant qu’un silence n’est pas un oui et que non, c’est non.

Faire la différence entre obéir et consentir

Les parents, les intervenants du système scolaire et la communauté entourant nos enfants (par exemple les milieux de garde) éduquent très rapidement les enfants à suivre les règles et forcément à obéir plutôt qu’à consentir. Quel parent n’a pas été forcé de dire à son enfant qui refuse de se laver les dents ou bien de s’habiller plus chaudement, «qu’il doit le faire».

Au quotidien, expliquer ou réexpliquer le fondement des règles ou des comportements n’est pas toujours possible. Dans nos vies actives et à titre d’exemple, un parent décidera rapidement de boucler la ceinture de sécurité de son enfant dans la voiture sans lui demander la permission de le faire.

Généralement, les enfants apprennent qu’ils doivent respecter les règles des adultes. Ils acquiescent parfois à poser des gestes pour lesquels ils ne sont pas toujours d’accord. L’exemple que j’utilise régulièrement est celui des câlins et des bisous. Combien de parents demandent aux enfants de donner un câlin à un membre de la famille élargie ou à un adulte de confiance même si l’enfant semble réticent? Les enfants eux-mêmes affirment qu’ils le font pour ne pas déplaire à leurs parents ou bien pour ne pas être impoli. Faut-il s’étonner qu’ensuite ils aient de la difficulté à imposer des limites aux adultes qui touchent à leurs corps ou à leurs parties intimes?

Le bisou: oui ou non?

Ma motivation à œuvrer à la prévention des violences sexuelles notamment auprès des enfants du primaire est liée à ma conviction que nous devons apprendre aux enfants à respecter leur corps et à s’affirmer lorsqu’une personne dépasse des frontières. Il est tout à fait acceptable d’exprimer son affection à un adulte ou de manifester des salutations de départ sans utiliser des bisous. On peut utiliser un geste de la main ou bien des paroles. Les enfants doivent avoir le choix et nous devons leur enseigner les alternatives.

Nous avons la responsabilité de leur enseigner la notion de consentement.
— Oui mais comment ?

En précisant qu’un adulte ne peut en aucun cas leur demander:

  • de lui montrer ses parties sexuelles ou bien encore de les photographier;
  • de toucher, de caresser ou d’embrasser ses parties sexuelles;
  • qu’il ne s’agit jamais d’un jeu;
  • qu’il n’a pas non plus à caresser ou à toucher aux parties intimes d’un adulte;
  • qu’un adulte ne peut pas non plus le forcer à regarder des illustrations ou des photos à caractère sexuel.

En tout temps face à de telles situations, il doit dire non et en parler à un adulte de confiance rapidement.

Tout au long du primaire, on enseigne aux enfants des habiletés de protection pour traverser la rue, pour réagir en cas d’un incendie ou bien pour adopter des pratiques sécuritaires à vélo, mais le fait-on lorsqu’il s’agit de se protéger des prédateurs sexuels ?

Les adultes de confiance: facteurs de protection essentiels

Lorsque je demande aux enfants un numéro d’urgence, ils me répondent spontanément «9-1-1». Par ailleurs, lorsque je leur demande de me nommer le nom des personnes de confiance à qui ils peuvent s’adresser si jamais ils sont victimes de comportements inadéquats de la part d’un adulte, certains me répondent timidement: papa, maman? Je les invite alors à identifier aussi des personnes de leur entourage à l’extérieur de la famille. Faut-il rappeler qu’un enfant peut malheureusement être victime parfois des gestes de ses propres parents ou d’un membre de la famille élargie?

La responsabilité d’éduquer nos enfants à la notion de consentement doit absolument être partagée par les parents, le système scolaire et la communauté dans son sens le plus large.

Les adultes entourant un enfant doivent répéter fréquemment ces principes de base:

  • Tu es responsable de ton corps et personne ne peut toucher à tes parties intimes. Sauf pour des raisons médicales et dans ce cas, tu ne seras pas seul avec le médecin ou l’intervenant.
  • Tu ne peux pas consentir à des activités sexuelles avec un adulte. L’adulte le sait et ne peut pas invoquer le fait qu’il l’ignore. Dans le cas contraire, l’adulte est toujours le fautif.
  • Un adulte de confiance est une personne avec qui tu te sens bien, qui t’écoute, qui respecte tes choix et qui t’aide à résoudre des difficultés ou des problèmes.

La loi est claire

Au Canada, la loi stipule qu’un jeune de 16 ans et plus peut consentir à des activités sexuelles. Comme sexologue, lorsque je pose la question à des enfants du primaire sur l’âge légal du consentement pour vivre des activités sexuelles, ils répondent souvent 18 ans. Par ailleurs, certains adultes ignorent qu’un enfant de 12 ans peut consentir à des gestes sexuels avec un autre jeune si son partenaire a deux ans d’écart avec lui.

À partir de 14 ans, l’écart permis est de cinq ans. Toutefois, dans tous les cas, le consentement devient invalide si un rapport d’autorité ou de dépendance est présent dans la relation. On donne souvent comme exemple pour illustrer ce rapport d’autorité, celui établi entre un entraîneur sportif ou un enseignant avec un jeune. Ces informations sont encore méconnues.

Référez-vous au site Éducaloi pour obtenir toutes les précisions et les nuances nécessaires.

À retenir

  • Généralement, les enfants apprennent qu’ils doivent respecter les règles des adultes. Ils acquiescent parfois à poser des gestes pour lesquels ils ne sont pas toujours d’accord.
  • Il est tout à fait acceptable d’exprimer son affection à un adulte ou de manifester des salutations de départ sans utiliser des bisous.
  • En tout temps, lorsqu’un adulte lui demande de poser des gestes à caractère sexuel, l'enfant doit immédiatement se tourner vers un adulte de confiance.
  • La responsabilité d’éduquer nos enfants à la notion de consentement doit absolument être partagée par les parents, le système scolaire et la communauté dans son sens le plus large.

Ressources complémentaires

Une vidéo à écouter avec vos enfants: Le consentement expliqué aux enfants
https://www.youtube.com/watch?v=S70PvCqtXwU

Des sites à consulter pour mieux s’informer ou en cas de doutes ou d’inquiétudes:

Ligne d’écoute, d’information et de référence destinée aux victimes d’agressions sexuelles — Accessible 24h sur 24h , 7 jours/ semaine 1 888 933-9007

LigneParents
https://www.ligneparents.com/LigneParents

— Dernière mise à jour: 12 février 2021

Biographie

Sexologue

Depuis plus de trente ans, j’accompagne, j’enseigne, je soutiens et je collabore avec le réseau de l’éducation et les parents. J’ai la certitude que l’éducation à la sexualité est plus porteuse et efficace lorsqu’une collaboration entre l’école et la famille est établie. Depuis deux ans, j’offre des services pédagogiques d’éducation à la sexualité et des services de relation d’aide aux enfants, adolescents et aux adultes. Mes services professionnels sont confidentiels, bienveillants, empathiques, empreints d’ouverture et axés sur la recherche de solutions. Je suis passionnée par la littérature jeunesse, les essais sur la santé mentale et diverses expositions artistiques (salon du livre, photos, peinture, etc). J’offre des services en télé pratique et en clinique à la Clinique Inter-Santé Rive-Sud

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