Le rôle de chacun dans la famille et les impacts sur la dynamique familiale

5 à 7 ans
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Le petit ange, la bolée, l’explosif, la timide, il nous arrive souvent d’attribuer un trait de caractère dominant à nos enfants. Mais comment le fait de se voir assigner un rôle influe-t-il sur la perception personnelle de l'enfant et quels en sont les impacts pour la famille ? Nous vous proposons des stratégies pour implanter une dynamique familiale positive dans un environnement souple et structuré à la fois.

Les différents chapeaux que portent les membres d’une même famille

Tout au long de son développement, l’enfant se compare à ses frères et sœurs, ses amis et ses parents. Il tente de se distinguer et il se construit de façon unique dans un rapport social. La construction identitaire de chacun des membres de la famille est différente et les rôles joués par chacun d’eux  peuvent donc être mal compris. Il est primordial de bien comprendre les différents chapeaux portés par chacun et d’en discuter afin de favoriser une harmonie dans la famille.

Exemples :

L’enfant « l’ange de la maison »

L’enfant « le petit monstre »

L’ado « le je m’en foutisme »

L’ado « la bolée sur les bancs d’école »

L’ado « l’explosif »

L’ado « la sensible/la plus fragile des enfants »

Le parent « le mou »

La mère « la germaine »

Le père « le bon parent qui dit oui »

Si l’on répète à Karl, 10 ans, qu’il est le petit monstre de la maison, ces mots entendus de ces petites oreilles vont nourrir son rôle du petit monstre et il continuera d’adopter la position du petit monstre pour répondre à vos attentes envers lui. Avec le temps, Karl peut se définir de façon négative et cela aura un impact sur son estime de soi…

Si l’on répète à Marie, 15 ans, qu’elle est l’explosive de la maison, ces mots entendus de ces oreilles d’adolescente vont nourrir son rôle de l’explosive de la maison et elle continuera d’adopter cette position pour répondre à vos attentes envers elle. Avec le temps, Marie peut se définir de façon négative et cela aura un impact sur son estime de soi.

Il est facile de nourrir un rôle en valorisant la position de l’autre, il faut simplement se demander si la personne ayant le rôle souhaite conserver ce rôle ou s’en défaire.

Faites le test et questionnez-vous sur votre rôle dans la famille et si votre besoin est de conserver ce rôle ou de vous en défaire afin de favoriser une harmonie familiale positive.

La règle des trois tiers

Cette règle façonne nos comportements et accentue notre rôle au sein de la famille. Un individu peut réagir d’une manière X face à une problématique en raison de trois facteurs importants. Il n’y a rien de tout noir ou tout blanc.

  1. Pratiques éducatives parentales – encadrement reçu;
  2. Tempérament – l’essence unique de la personne;
  3. Événements survenus au courant de l’existence de chacun.

Ces trois facteurs forment ensemble les causes d’une réaction comportementale et en ce sens, solidifie le rôle joué dans la famille.

Exemple :

Si un enfant répond toujours adéquatement aux demandes de l’adulte sans argumenter, ce dernier pourrait s’identifier en tant que « l’ange de la famille » en raison des trois facteurs qui s’influencent dans le développement.

Tout est une question de perception

Chaque coco et chaque parent analysent un événement survenu avec leur carte du monde respective. C’est-à-dire que chacun a sa propre carte du monde, sa propre définition de la réalité et sa propre perception d’un conflit ou d’une situation survenue à la maison ou à l’école. N’hésitez pas à jaser de votre carte du monde avec vos enfants et écoutez attentivement leur point de vue.

Nous, les êtres humains, avons tendance à refaire plusieurs fois ce qui ne fonctionne pas en s’étonnant d’obtenir toujours les mêmes résultats.

Posez-vous la question suivante : « Est-ce qu’il y a des moments où la dynamique familiale fonctionne bien ? Arrive-t-il qu’il y ait des moments détendus et plaisants pour tout le monde ? » Si oui, il serait pertinent d’accentuer ces moments sur votre calendrier. Lorsqu’une formule fonctionne bien pour une famille, pourquoi ne pas l’utiliser à son avantage ?

Il n’y pas d’échecs, il n’y a que des occasions d’apprendre et de réfléchir pour l’avenir !

Une valeur à approfondir : la coopération

Selon Peacock (2007), il s’agit de cerner la gestion de l’autorité à travers le contrôle parental et la marge de liberté laissée à l’enfant.

Le questionnaire de Lautrey (1980) nous parait approprié pour cet article, car le concept de structuration de l’environnement familial est proche de celui de la négociation.

Rappelons la typologie de Lautrey :

  • Un environnement rigidement structuré : les parents contrôlent fortement l’enfant. Ils lui imposent des règles et le laissent peu participer aux activités ou aux prises de décisions.
  • Un environnement souplement structuré : les parents définissent des règles, en les explicitant à l’enfant ; ce qui rend possible leur modification, dans certaines circonstances.
  • Un environnement faiblement structuré : les parents contrôlent peu les activités de l’enfant et lui laissent une marge de manoeuvre importante.

Seul un environnement souplement structuré implique une négociation entre les partenaires, permettant une forte « responsabilisation » de l’enfant par les parents. Guingouain (1986) a en effet montré que pour que l’enfant se sente véritablement responsabilisé, « engagé » par ses parents, il ne doit pas être laissé à « lui-même », sans contrôle. La responsabilisation la plus forte est clairement encouragée par l’adulte, maîtrisée, contrôlée.

Exemple :
Le communicateur est le parent souple et l’autre personne est l’enfant ou l’adolescent qui s’oppose afin de défendre son opinion.

Selon Fletcher Peacock (2007), « si le communicateur voit la résistance de l’autre personne, il ne peut pas voir ses efforts de coopération. Si, en revanche, il voit sa façon unique de coopérer, il ne peut pas voir la résistance. »

Ce qui est bien avec cette théorie, c’est qu’elle s’applique aussi bien au couple qu’à la fratrie.

À retenir

  • Les différents chapeaux que chacun porte au sein d’une même famille: les rôles que chacun joue, de façon consciente ou inconsciente.
  • La règle des trois tiers qui façonne nos réactions comportementales : 4-Pratiques éducatives parentales - encadrement 5- Tempérament – l’essence unique de la personne 6- Événements survenus au courant de l’existence de chacun
  • Tout est une question de perception : réfléchissez à quelques-unes de vos perceptions… Chaque membre de la famille a une façon unique de communiquer.
  • Affiche de cette valeur sur le frigo : COOPÉRATION Tous les membres de la famille coopèrent dans le même but : harmonie
  • Comme dirait Fletcher Peacok, il vaut mieux s’orienter vers une direction qui débouche sur l’harmonie, la compréhension, la confiance et le mieux-être que de rester dans le champ de nos problèmes et de répéter ce qui ne marche pas avec le temps.

Références

  • Bouissou, Christine. Dynamique éducative familiale et construction identitaire de l’enfant. Maître de conférences en psychologie - IUFM de Reims. Équipe éducation familiale et interventions sociales auprès des familles (p.1 à 25)
  • Doyon, Nancy. Éducatrice spécialisée et conférencière – formation spécialisée en coaching familial (printemps 2019)
  • Peacock, F. Arrosez les fleurs, pas les mauvaises herbes ! Les éditions de l’Homme (p.19 à 149)

— Dernière mise à jour: 7 octobre 2019

Biographie

M. Sc., Psychoéducatrice

Laurence Gagné est détentrice d’une maîtrise en psychoéducation de l’Université de Montréal. Elle est psychoéducatrice dans le milieu scolaire au sein de la Commission scolaire de Montréal. Récemment, elle s’est jointe l’équipe du centre multidisciplinaire Bouche à Oreille, où elle guide, outille et accompagne les familles dans leurs défis respectifs. Dévouée, passionnée et efficace, elle s’investit entièrement dans la vie des personnes en difficulté en semant espoir et confiance. Elle offre des services personnalisés aux enfants, aux adolescents et aux adultes en difficulté d’adaptation. Selon elle, le lien de confiance représente la base de la relation psychoéducative et ce lien conduit à de petits changements qui transforment le rapport avec les difficultés vécues.

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