Partir en vacances en famille pendant les jours de classes? Oui ou non ?

7 à 9 ans
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Manquer l’école pour partir en vacances est-ce une bonne idée? Comment savoir si l’envie d’évasion en famille ne pénalisera pas mon enfant? Deux enseignantes et une psychologue se prononcent!

Enfin, les vacances!

Partir en vacances en famille est une occasion toute spéciale de renforcer les liens et de partager des moments uniques de complicité avec ses enfants. Au Québec, le calendrier scolaire compte 180 jours de classe. Vacances d’été, congé de Noël, semaine de relâche, l’année scolaire offre plusieurs occasions de prendre le large avec la marmaille. N’empêche, plusieurs parents choisissent de prolonger ces périodes de congé ou même d’en improviser d’autres durant la période des cours.

La vie va de plus en plus vite et le stress du métro, boulot, dodo met une pression sur la famille. Les occasions de passer du temps de qualité avec les enfants sont rares dans la vie de tous les jours. Et il est vrai que partir en vacances à l’extérieur des périodes de pointe coûte moins cher. Mais l’économie en vaut-elle vraiment la peine? Peut-on avoir le beurre et l’argent du beurre sans pénaliser son enfant?

Manquer l’école pour aller en vacances : oui ou non ?

La réponse est simple : ça dépend. Pour Suzanne Vallières, psychologue et auteure, manquer une ou même deux semaines d’école au primaire ne pose pas vraiment de problème si l’enfant n’est pas de nature anxieuse ou s’il ne présente pas de difficulté d’apprentissage. Mais attention, ceci n’est pas un passeport gratuit pour le farniente. Elle explique : « Si l’enfant n’est pas en difficulté académique, il ne sera pas pénalisé par son absence. Le parent et l’enfant pourraient s’engager à ajouter des périodes d’études supplémentaires avant ou après le départ. »

La clé du succès : la préparation.

Acheter les billets d’avion, réserver l’hôtel, prévoir un itinéraire : partir en vacances demande de la planification et de l’organisation. Choisir de faire manquer des jours de classe à son enfant demande que l’on s’y prépare. Malgré une bonne préparation, certains enseignants.es sont contre l’idée. Isabelle Nadon, enseignante de français en deuxième secondaire à l’école Marie-Anne de la CSDM explique: « Disons que d’emblée, les profs en général, dont je fais partie, n’aiment pas trop l’idée de voir leurs élèves s’absenter des cours pour aller en vacances. C’est certain que cela augmente la charge des professeurs qui sont déjà débordés par leur tâche. Mais on ne peut pas les empêcher de partir. »

Même si elle est contre l’idée, l’enseignante croit que la clé du succès réside dans la préparation. « Les parents devraient s‘y prendre d’avance et demander à rencontrer la direction et les professeurs afin d’évaluer si l’enfant ne sera pas pénalisé à cause de son absence. Va-t-il manquer des examens ? L’enseignant prévoit-il présenter de la nouvelle matière? Accepterait-il d’offrir à l’étudiant des périodes de rattrapage à son retour de vacances ? Il faut poser les bonnes questions et prendre les bonnes décisions pour son enfant », conclut-elle.

Prolonger la semaine de relâche: une bonne idée?

Ajouter une semaine de vacances à la semaine de relâche peut sembler être une bonne idée. L’enseignante en deuxième secondaire n’est pas de cet avis: « Souvent, les profs profitent du retour de la semaine de relâche pour aborder de la matière plus corsée parce que les élèves sont reposés et mieux disposés à intégrer du nouveau contenu. Si l’un d’eux n’est pas présent parce qu’il est encore en vacances, il risque de prendre du retard par rapport au groupe et peut-être même vivre une situation d’échec. »

Comment faire de cette expérience une occasion d’apprentissage?

Briser la routine, éliminer les irritants inhérents au stress du quotidien peut être très bénéfique pour l’élève qui revient en classe reposé et heureux d’avoir fait le plein de temps de qualité passé en famille. Isabelle Frattolillo, enseignante au primaire, croit que les vacances et les voyages sont aussi une excellente occasion de resserrer les liens tout en offrant à son enfant un contexte d’apprentissage différent. Elle explique: « Je suis maman et enseignante, donc je comprends tellement le défi de la conciliation travail-famille! L’école doit être ouverte aux différentes réalités familiales. Les parents ont parfois de la difficulté à arrimer leurs vacances avec celles de leurs enfants. Personnellement, il m’est arrivé de faire manquer quelques jours d’école à mon fils pour aller en vacances. Par contre, j’avais communiqué en amont avec l’enseignante de mon garçon afin de m’assurer qu’il n’y aurait pas d’impact majeur. Je crois que la clé, c’est la communication entre tous les intervenants. Je trouve que l’expérience du voyage peut être extrêmement riche pour les enfants! »

L’enseignante au primaire a à coeur de voir ses élèves profiter au maximum de leurs vacances tout en poursuivant leur apprentissage: « J’envoie aux parents un journal de vacances que mon élève peut remplir, mais c’est totalement facultatif! Je laisse ça à la discrétion des parents, selon les circonstances du voyage. L’enfant peut y raconter ses journées en y ajoutant de jolis dessins ou des photos à sa guise; il y parle de ses activités, des personnes qu’il rencontre, des animaux qu’il voit, des moyens de transport utilisés, de la météo, de la langue locale, etc. J’adore cet outil parce que l’enfant y conserve de précieux souvenirs et, en plus, ça le motive à écrire. À son retour en classe, c’est merveilleux de voir l’élève, tout fier, raconter son voyage à ses camarades à l’aide de son journal. J’encourage aussi mes élèves à toujours insérer un trésor dans leur valise: un livre! »

À retenir

Les questions à se poser avant de partir:

  • Mon enfant est-il de nature anxieuse?
  • Si mon enfant a des difficultés d’apprentissage, peut-il se permettre de manquer des cours?
  • Acceptera-t-il d’étudier un peu plus fort à son retour en classe?
  • A-t-il besoin d’une routine stricte pour bien fonctionner?

Prendre le temps de se poser les bonnes questions est essentiel. Mais ce n’est pas tout. Rencontrer les enseignants.es ou la direction afin d’évaluer l’impact que pourrait avoir sur mon enfant le fait de lui faire manquer des jours de classe est une excellente stratégie afin de prendre une décision éclairée. Les parents ont la responsabilité de faire en sorte que cette expérience n’entraînera pas un échec scolaire. Les élèves aussi doivent se responsabiliser et comprendre ce qu’impliquera leur absence; reprendre des examens, étudier plus fort au retour, manquer de la matière importante, etc.

Le calendrier scolaire prévoit un nombre de jours de classe précis et les enseignants.es ont la responsabilité d’enseigner le programme à l’intérieur de ce cadre. Quand un élève s’absente trop longtemps durant cette période, il risque de prendre du retard et ses vacances de rêve pourraient se transformer en cauchemar si le projet n’a pas été bien planifié. Élaborer un plan d’action est essentiel pour réaliser avec succès cette expérience unique de voyager avec son enfant. Et après tout, les voyages forment la jeunesse, non?

Bonne réflexion et bonnes vacances!

— Dernière mise à jour: 27 février 2019

Biographie

Rédactrice en chef

Journaliste à la recherche depuis plus de 15 ans, Danielle Dutrisac a travaillé pour plusieurs grands médias du Québec (Québecor publications, Radio-Canada, TVA, V Télé, 98,5 ). Curieuse de nature, son parcours l’a menée à explorer plusieurs avenues qui ont nourri son sens de l’aventure et son appétit pour ce qui la passionne: l’humain. Poser des questions, écouter, comprendre et transmettre le message, voilà ce qui nourrit le quotidien de celle qui a fait des études en adaptation scolaire à l’université. Bienveillante et attentionnée, la journaliste n’a qu’un seul objectif: aider les autres à mieux vivre. Crédit photo: Marili Clark

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