Semaine de relâche: lâchez votre fou en famille!

5 à 17 ans
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Cette année la semaine de relâche risque d'occasionner des maux de tête à bien des parents qui sont en télétravail ou qui sont à court d’idées pour occuper la marmaille. Dessinateur, auteur, animateur et papa, l’univers des enfants n’a plus de secrets pour Tristan Demers puisqu’il rencontre chaque année plus de 40 000 jeunes grâce aux ateliers qu’il offre dans les écoles. Dans cette entrevue exclusive, Tristan propose des activités à faire durant la semaine de relâche qui font appel à la créativité et à l’autonomie des jeunes.

À partir du 26 février et juste en temps pour la semaine de relâche, les familles auront accès à un plus grand éventail d’activités extérieures et intérieures: ouverture des cinémas, reprise des sports intérieurs individuels, en duo ou en famille en zone rouge, et activités extérieures permises également en respectant un maximum de huit personnes.

Avec les restrictions liées aux voyages dans le Sud, la distanciation sociale et le couvre-feu, c’est une semaine de relâche bien différente de celles que nous avons connues jadis qui est à nos portes et plusieurs familles sont présentement à la recherche d’idées pour amuser les plus petits et occuper les plus grands.

Alors, comment faire en sorte que cette semaine de relâche soit une expérience agréable pour toute la famille? Comment encourager le développement de l’imaginaire chez son enfant et quelles activités originales peut-on proposer à nos jeunes?

Afin de répondre à ces questions et d’offrir aux parents des idées d’activités qui ne demandent que peu de ressources et beaucoup d’imagination, Aidersonenfant.com s’est entretenu avec Tristan Demers, dessinateur, auteur et animateur.

Q.: Certains parents auraient aimé annuler la semaine de relâche cette année à cause du retard scolaire que certains élèves ont accumulé, notamment. Pourquoi cette semaine-là est-elle importante, selon toi?

R.: La semaine de relâche serait importante dans un autre cadre. Là ce n’est pas qu’elle ne l’est pas, c’est que nous sommes dans un contexte social où je ne sais pas si elle sera si différente des autres semaines que l’on vit depuis le confinement. Il n’y a pas d’événementiel et les voyages sont presque tous annulés, j’ai bien peur que beaucoup de jeunes vont se ramasser à jouer à Fortnite et il ne faut pas oublier qu’il y a beaucoup de parents qui sont dans le jus et qui continuent à travailler.

Q.: Depuis plusieurs années, tu travailles beaucoup avec les enfants dans les écoles dans le but de les mettre en contact avec leur imaginaire, entre autres. Comment les enfants d’aujourd’hui sont-ils différents de ceux d’il y a quinze ans, par exemple?

R.: J’étais avec des élèves 4e année ce matin et je sens que c’est difficile pour eux de plonger dans l’inconnu et même en dessinant ils s’auto censurent énormément! Ça, je ne voyais pas ça il y a quinze ans, des enfants qui s’imposent eux-mêmes des cadres et des balises. Par définition, un enfant, il y a quinze ou vingt-cinq ans, était lâché lousse et il fallait le ramener.

Maintenant l’enfant est pris en charge depuis la naissance. On s’est donné des outils sociaux hyper intéressants comme les CPE, mais ça fait en sorte que les enfants ne jouant plus dehors et étant beaucoup devant l’écran socialisent beaucoup moins. Quand vient le temps de créer, ils sont démunis. Les arts sont un lieu de liberté et non de contraintes.

Q.: Que veux-tu dire exactement?

R.: Je faisais un exercice ce matin où les enfants n’avaient pas le droit d’utiliser une gomme à effacer. Ne pas pouvoir effacer les terrorise et ça n’aurait pas été un problème il y a quinze ans. La gomme à effacer est une béquille ou un outil de sécurité pour eux. Moi je leur dis que quand tu fais un trait que tu n’avais pas prévu, tu penses que c’est une erreur alors que c’est l’opportunité qui t’amène à créer autre chose, tu le transformes, mais le transformer ce trait-là, au lieu de l’effacer, ça veut dire avoir de la souplesse.

Il y a quinze ou vingt ans, on rentrait quand notre mère criait de rentrer pour souper. Les parents ne surveillaient pas chacun des gestes et des jeux que tu avais organisés dans ta cour. Maintenant, ça rassure le parent inquiet de savoir que tu joues à Fortnite dans ta chambre parce que t’es pas en train d’imaginer quelque chose dans le parc et dans la ruelle. Mais ton imaginaire est juste dans un mode de réception, à ce moment-là, il n’est pas dans un mode créatif, donc, quand vient le temps de créer nos enfants sont apeurés. On est vraiment dans un autre monde avec les écrans et les réseaux sociaux. Les enfants sont conscients du regard de l’autre sur ce qu’ils font et comme ils sont habitués d’avoir des balises, quand il n’en ont plus, ils ne savent pas ce qui se passe et ils sont démunis.

Q.: Comment faire alors pour qu’ils décrochent des écrans durant la semaine de relâche? Comment organiser des activités auxquelles ils auront envie de participer?

R.: Je trouve ça absurde qu’on soit obligé de jouer au G.O. (Gentile Organisateur au club Med). Je me demande jusqu’à quel point c’est le rôle du parent de toujours être dans l’univers de l’enfant pour superviser. Je trouve ça grave qu’on soit obligé de les encadrer comme ça, mais en même temps si tu les lâches lousse ils vont sur Instagram et tu les perds pendant douze heures.

Q.: Quel devrait être notre objectif comme parent pour la semaine de relâche cette année?

R.: Il faut donner le droit à l’enfant de s’ennuyer. L’enfant va vivre un inconfort pour un moment, mais il va éventuellement rebondir avec une idée. Bien souvent, l’enfant ne trouve plus d’idées parce que le parent vient toujours pallier au vide créatif.

Avant l’enfant pouvait prendre une branche et faire semblant que c’était une épée, mais maintenant avant même qu’il ait eu l’idée que la branche puisse devenir une épée, son père lui en a acheté une au Dollarama et elle allume et vient avec deux piles. Le problème c’est que pour un enfant, une épée, il faut que ça ressemble à une épée. Alors que l’imaginaire, c’est de prendre la branche et inventer qu’elle devient un télescope, une épée ou un parapluie.

On est beaucoup dans le concret alors que l’imaginaire c’est le contraire du concret. Tu te souviens des vieilles émissions comme Sol et Gobelet, où il n’y avait pas de murs ni de décor? On mettait simplement un cadre de fenêtre, la fenêtre était invisible, mais on avait l’impression qu’elle était là parce que c’était un code convenu qu’on acceptait. Les enfants aujourd’hui ont plus de difficulté à accepter ça, quand je leur demande en situation d’écriture d’inventer une histoire, c’est d’une platitude! Pourquoi? Parce qu’ils ne voient pas la possibilité qu’elle puisse être farfelue ou magique. Ils écrivent: Je me lève, je m’habille, je mange une toast, etc.

Je leur dis alors: «Pourquoi t’es pas tombé dans le pot de beurre d’arachides pour aboutir dans le monde des arachides géantes où tu te fais attaquer par un vaisseau de confiture?» Ils me regardent alors d’un air dubitatif… Oui, mais c’est ça l’imaginaire!

Q.: As-tu une idée d’activité qui pourrait occuper nos plus jeunes durant la semaine de relâche?

R.: En ce moment je fais du «pop art» avec ma fille de onze ans et on a beaucoup de plaisir! On trouve une surface quelconque. Ça peut être un restant de plancher flottant ou de céramique de salle de bains, un vieux tableau en liège, l’idée c’est de récupérer ce que l’on a à la maison. On découpe ensuite des logos de boîtes de céréales ou de gruau, du papier sablé ou des bouts de journaux. Tu pourrais même faire un montage avec des photos de ton animal de compagnie que tu t’amuses à apposer à des corps de vedettes que tu as découpés. Tu recouvres le tout de Mod Podge (colle isolante non toxique) que tu peux facilement trouver dans les magasins qui vendent toutes sortes d’articles pour un dollar ou plus.

Q.: Les ados sont parfois plus récalcitrants à laisser de côté les écrans. Quel genre de projet pourrait-on leur proposer afin qu’ils soient occupés plusieurs jours durant la semaine de relâche?

R.: Ils pourraient faire un mini film avec leur cellulaire. Comme ça on les ramène à leur écran, mais dans un but créatif. Ils peuvent élaborer un scénario qu’ils peuvent mettre sur Instagram ou YouTube par la suite. lIs se filment beaucoup sur TicToc, mais là on leur propose de faire un vrai petit film. IIs pourraient élaborer le scénario avec leurs amis via Zoom ou une autre plateforme de téléconférence. On leur dit qu’on les met au défi de faire un film cette semaine (costumes, répliques, décors, etc.). Il existe même des petits *logiciels de montage gratuits.

*Note: En faisant une recherche rapide sur le Web, il est possible de trouver des logiciels de montage faciles à utiliser et gratuits. Voici ceux que nous avons dénichés: iMovie, Blender, Shotcut et Clipchamp.

On leur dit: «Tu aimes les écrans? Alors, fais en sorte d’être dans l’écran au lieu de devant.».

Le projet pourrait être aussi de filmer un défi par jour, toujours en collaboration avec leurs amis. Un jour, le défi c’est de faire des carrés aux dattes, l’autre jour c’est d’apprendre à jongler et un autre jour c’est de construire un fort. Chacun réalise le défi de son côté et après, ils se montrent le résultat. Ils sont alors encore dans leur univers de texto et d’écran, mais dans un but créatif!

Q.: Jusqu'à quel point doit-on s’impliquer dans ce genre de projet comme parent?

R.: Le parent peut faire un contrat avec son jeune. Ils peuvent s’entendre sur l’activité, mais après le parent ne s’en mêle plus. Il peut cependant valider chaque jour que le projet avance, mais il ne se mêle pas de la réalisation dudit projet. Autrement dit, il met de côté son rôle de «parent hélicoptère» qui définit le parent qui se mêle de tout ce que son enfant fait. Il y a trop de parents qui se mêlent de tout de A à Z. Il faut laisser son enfant explorer son imaginaire à travers le jeu. Il faut faire confiance à l’enfant même quand il n’a plus d’idées et qu’il s’ennuie.

Pour encore plus d’idées d’activités créatives à faire en famille.

À retenir

  • À partir du 26 février, voici les activités qui seront possibles de faire en famille:
    • Les cinémas pourront rouvrir leurs portes partout sur le territoire québécois, mais à certaines conditions: limite de 250 personnes par salle.
    • La pratique de sports intérieurs individuellement, en duo ou en famille, qui était déjà permise en zone orange, pourra également reprendre en zone rouge. Les patinoires et les piscines pourront donc recommencer à accueillir une partie de leur clientèle.
    • Les activités extérieures, qui étaient limitées à quatre personnes en zone rouge, pourront être étendues à huit personnes, un superviseur ou un animateur pourra également se joindre au groupe.

— Dernière mise à jour: 19 février 2021

Biographie

Rédactrice en chef

Journaliste à la recherche depuis plus de 15 ans, Danielle Dutrisac a travaillé pour plusieurs grands médias du Québec (Québecor publications, Radio-Canada, TVA, V Télé, 98,5 ). Curieuse de nature, son parcours l’a menée à explorer plusieurs avenues qui ont nourri son sens de l’aventure et son appétit pour ce qui la passionne: l’humain. Poser des questions, écouter, comprendre et transmettre le message, voilà ce qui nourrit le quotidien de celle qui a fait des études en adaptation scolaire à l’université. Bienveillante et attentionnée, la journaliste n’a qu’un seul objectif: aider les autres à mieux vivre. Crédit photo: Marili Clark

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