L’intimidateur et les témoins: deux joueurs qui détiennent la clé de la solution

6 à 17 ans
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L’intimidateur et le témoin. D’où viennent-ils? Qui sont-ils? Qu’est-ce qui les motive à faire souffrir dans un cas et à assister à la souffrance sans intervenir dans l’autre? Comme parent, comment intervenir auprès de ces deux groupes de jeunes?

Dans ce troisième et dernier texte de notre grand dossier sur l’intimidation, Aidersonenfant.com prend conseil auprès de trois sommités du monde de l’éducation, de la psychologie et de la psychiatrie. Égide Royer, professeur-chercheur à la Faculté des sciences de l'éducation à l’Université Laval, Jean-François Chicoine, pédiatre au CHU Sainte-Justine, professeur agrégé de pédiatrie à l’Université de Montréal et Marc Tremblay, directeur général du Collège Reine-Marie, à Montréal.

Les intimidateurs et les témoins d’actes d’intimidation; ces deux groupes n’attirent pas la même sympathie ni la même attention que les victimes. Pourtant, tous les experts que nous avons consultés croient qu’il est impératif de les inclure dans la lutte contre l’intimidation.

École primaire et secondaire: l’intimidation ne discrimine pas

Une étude réalisée par la Chaire de recherche Sécurité et violence en milieu éducatif de l’Université Laval, révèle que les élèves du secondaire disent avoir été insultés ou s’être fait «traiter de nom» dans une proportion de près de 17%. Au primaire, c’est près de 21% des jeunes qui affirment avoir subi le même sort.

Ces statistiques seraient peut-être différentes sans deux joueurs clé: ceux qui bousculent, ridiculisent, rabaissent ou insultent et ceux qui observent en silence.

Au primaire, 70% des intimidations ont lieu sur le terrain de l’école et 62% dans les transports scolaires.

Pour bien illustrer le phénomène, le psychologue et spécialiste de la réussite scolaire Égide Royer, professeur-chercheur à la Faculté des sciences de l’éducation à l’Université Laval, illustre: «Quand j’ai une situation de rapport d’inégalité, quand j’ai quelqu’un qui est en dessous et un autre qui est par-dessus et que celui qui est en dessous en souffre, je suis en situation d’intimidation.»

D’intimidé à intimidateur, un parcours de résilience et d’espoir

Témoignage

Samuel Bricault* a subi de l’intimidation à partir de la première année du primaire pour ensuite commettre des gestes d’intimidation à son tour. Aujourd’hui dans la jeune trentaine, il donne des conférences dans les écoles et se consacre à sensibiliser les jeunes au phénomène de l’intimidation et au rôle que chacun y joue.

C’est avec beaucoup de générosité, de candeur et de lucidité qu’il partage ici son expérience douloureuse d’avoir été à la fois victime et agent d’intimidation. Son témoignage en est un de résilience et d’espoir pour tous les parents et tous ceux qui œuvrent dans le milieu de l’éducation, car l’intimidation est l’affaire de tous.

Une souffrance explosive

L’intimidation peut survenir à tout âge et pour certains enfants, aller à l’école peut rapidement devenir une expérience très douloureuse. Pour Samuel, l’enfer a débuté très tôt dans son cheminement scolaire. Il raconte: «En première année j’allais à l’école avec un nœud papillon. Je voulais m’habiller en homme d’affaires comme mon père. On a ri de mon habillement. On me traitait de fif et de tapette et je me mettais à pleurer, même si je ne savais pas ce que ça voulait dire. Le fait de pleurer ne faisait qu’encourager mes malfaiteurs à en remettre.» Mais Samuel ne s’est pas contenté de pleurer. Il explique: «Dès la première journée d’école j’ai lancé une chaise dans une classe. C’était le début de la fin. Les élèves m’écœuraient de plus en plus pour voir ma réaction explosive.»

«Je me sentais humilié du fait que les témoins rient.»

-Samuel Bricault

Mettre fin à l’intimidation: le dernier recours

Les conséquences dévastatrices de l’intimidation se sont fait sentir très rapidement chez Samuel et il a même pensé au suicide. Il se souvient: «Mon directeur a trouvé une lettre dans laquelle j’expliquais comment j’allais mettre fin à mes jours. J’avais 7-8 ans. Il a trouvé une paire de ciseaux dans mes mains. Je m’isolais, je testais la lame sur ma peau pour savoir comment ça faisait mal.» Son cheminement scolaire a été rempli d’embûches et Samuel déplore le fait qu’avant la quatrième année, l’école banalisait l’intimidation qu’il subissait.

«On disait Samuel se fait écœurer comme tout le monde. J’ai eu de bons profs, mais il y en avait qui disaient que je me faisais taquiner.»

Une intervention salvatrice

Samuel a dû attendre la quatrième année avant de recevoir de l’aide. Mais il a fallu qu’il pose un geste extrême avant qu’on réagisse autour de lui. «J’ai frappé dans le dos avec un plateau celui qui m’intimidait depuis quatre ans et j’ai arrêté de le frapper juste quand il ne bougeait plus. L’intervention du directeur d’école a été déterminante, il nous a placé tous les deux dans le même bureau pendant plusieurs semaines; ça nous a forcés à nous parler. L’intimidation a cessé tout de suite avec cette personne-là à la suite de cette intervention.»

Quand l’école et les parents font équipe

Samuel a eu la chance d’avoir des parents qui se sont impliqués dans son cheminement et leur implication a fait toute la différence.

Ceux-ci ont établi une communication régulière et fréquente avec la direction de l’école de Samuel. Il explique: «J’ai eu de la chance d’avoir eu des parents aussi à l’écoute et qui voulaient autant m’aider.»

Il s’est mis à l’écriture et à même connu du succès auprès de ses pairs avec ses bandes dessinées. Cette intervention a permis à Samuel de terminer son primaire de façon plus paisible, mais il avait ce qu’il appelle des rechutes.

«J’avais peur d’aller à l’école et je vivais dans une angoisse constante de savoir si j’allais me faire écœurer et aussi comment j’allais réagir.»

Le secondaire: un faux départ et une main tendue

Samuel appréhendait l’arrivée au secondaire et c’est pour envoyer un message clair qu’il s’est présenté à la polyvalente la première journée, cigarette au bec. «J’avais une attitude et je me suis battu avec quelqu’un. Je voulais donner le ton. Paraître comme un petit bum et ça très bien fonctionné.» Mais cette fois-ci, la direction de l’école a agi dès la première journée et l’intervention du directeur a été déterminante pour Samuel.

«Le directeur m’a immédiatement posé une question que je n’oublierai jamais. Il a dit:  Samuel, qu’est-ce que je peux faire pour t’aider?  Il explique, encore incrédule: «Je venais de me battre et c’est la première question qu’il m’a posée. J’étais abasourdi!  Il m’a donné le choix entre recevoir de l’aide ou une punition. Ce jour-là, j’ai choisi l’aide. Il m’a fait rencontrer un intervenant social qui s’appelle Patrick Jalbert. On a eu des rencontres hebdomadaires de ma deuxième à ma cinquième année secondaire presque toutes les semaines. C’est avec lui que j’ai réussi à améliorer de beaucoup mes comportements. C’est grâce à lui et mes amis si j’ai publié mon premier livre à quatorze ans.»

«Je venais de me battre et la première question qu’il m’a posée, c’est Samuel, comment est-ce que je peux t’aider?»

Nourrir l’estime de soi

Patrick a senti le grand besoin d’attention et de reconnaissance de Samuel et il a su canaliser ce besoin en l’invitant à faire de l’improvisation à l’heure du dîner plutôt que de se battre. Samuel raconte: «À l’impro, je faisais rire tout le monde! Il m’a fait faire du rap et des spectacles. Il m’a fait jouer au basket également et chaque fois que je faisais un panier, les gens applaudissaient.» Il poursuit: «Patrick a trouvé une solution pour nourrir mon estime; ça m’a appris à attirer l’attention de façon positive parce que quand tu intimides en insultant une personne pour te faire remarquer, au fond de toi, tu le sais que ce n’est pas correct et tu te sens un peu honteux par la suite.»

«Ça m’a fait du bien de sentir que mes parents m’écoutaient et qu’ils étaient là pour moi, qu’ils accordaient autant de valeur à ce que je disais qu’à ce que les enseignants disaient.»

Quand les témoins cessent de rire

Samuel a eu beaucoup de temps pour réfléchir à la question de l’intimidation et il insiste sur l’importance des témoins dans l’équation. «L’intimidateur, dans 90% des cas cherche un public à faire rire. Donc, si les témoins ne rient pas, il va trouver une autre solution pour avoir ce qu’il veut: de l’attention. Si on retirait les témoins de l’équation, je suis persuadé qu’il y aurait une grande diminution de l’intimidation. C’est la première chose qu’un témoin peut faire: arrêter de rire.»

Une étude menée par Salimalvalli (2010) révèle que les élèves qui sont témoins et spectateurs d'incidents d'intimidation jouent un rôle de renforçateurs qui encourage les intimidateurs.

Limites et bienveillance: quand les parents répondent présents

Les parents de Samuel se sont impliqués dans son cheminement et cette implication a su faire la différence. «Je ne pense pas qu’il faille punir, mais je pense qu’il faut mettre des limites. Égide Royer parle d’arrêt d’agir. La punition devrait servir à prendre un temps de réflexion.

Mes parents m’envoyaient réfléchir dans ma chambre, mais je n’ai jamais senti que c’était une punition. Ils voulaient que je me calme, que j’arrête d’agir. J’aimais écrire alors ils me demandaient de mettre sur papier ce qui s’était passé. Ils m’invitaient à faire de l’introspection, finalement.

Il est important de montrer que ce n’est pas acceptable et d’établir les limites.» Il conclut, reconnaissant: «Mes parents ont fait ce qui devait être fait. Ils ont posé des questions, ils ont été à l’écoute et ils ont été chercher de l’aide. Mes parents ont été là et cela a fait toute la différence.»

En octobre 2014, Samuel a été l’un des invités du premier ministre Philippe Couillard lors du Forum sur la lutte contre l’intimidation dont l’un des objectifs était de reconnaître le rôle de premier plan des parents et les mettre au cœur de l’intervention.

*Samuel est également l’auteur de la série de romans fantastiques, Le dernier des Immortels, publiés aux Éditions Magique Futur.

L’art et le sport: vecteurs de bien-être

Le Dr Jean-François Chicoine, pédiatre au CHU Sainte-Justine, professeur agrégé de pédiatrie à l’Université de Montréal et médecin consultant chez AVS en France, est bien connu pour son franc parlé et pour la passion qui l’anime quand il s’agit de défendre les intérêts des enfants et des adolescents.

Il explique comment le fait d’encourager la créativité d’un enfant peut l’aider à passer à travers des périodes difficiles.

«Le dessin, la musique et l’art; l’imagination en général est une belle façon d’apporter du soulagement aux enfants.» Il poursuit. «Ce n’est pas seulement la consultation en travail social ou en psychoéducation qui va régler le problème, c’est l’imaginaire des enfants qui va leur permettre de se soulager. Il est même prouvé, en matière de résilience, que plus l’enfant est imaginatif, plus il va avoir d’occasions de se sortir de la petite ou de la grande adversité qu’il traverse.»

L’intimidation: des conséquences graves

Selon le pédiatre renommé Jean-François Chicoine, les adultes et la société dans laquelle nous vivons donnent le mauvais exemple.

«Tout le monde écœure tout le monde, à l’Assemblée Nationale, dans les journaux: on a une culture de l’intimidation absolument inouïe qui s’est instaurée partout dans les dernières années!»

L’intimidation est à prendre au sérieux, car elle peut engendrer des conséquences graves.

«Chez un enfant victime d’intimidation, on augmente le pourcentage de risque d’avoir des insécurités affectives, des troubles de comportement, des échecs scolaires, des dépressions et probablement aussi, un certain nombre de maladies mentales par la suite.»

-Dr Jean-François Chicoine

Quand mon enfant intimide

Difficile pour un parent d’apprendre que son enfant commet des gestes d’intimidation à l’endroit d’un autre élève. Marc Tremblay, directeur du Collège Reine-Marie à Montréal, explique que les parents demeurent parfois incrédules face aux faits.

«Malgré la qualité de ce que l’on fait, malgré le sérieux de l’enquête que l’on mène, nous avons assez souvent à convaincre le parent que ce qui se passe avec son enfant est vrai.»

Le directeur met l’emphase sur l’importance pour les parents de prendre au sérieux ce que l’école lui rapporte.

«Comme parent, il faut comprendre l’importance de se faire appeler par l’école pour se faire dire que notre fils ou notre fille fait vivre de l’intimidation à un autre élève. Aucun parent ne veut y croire, mais il faut bien capter le message. Notre responsabilité à l’égard des parents c’est d’avoir le maximum de faits et ne pas être dans l’interprétation.» Il conclut: «Nous devons amener le parent à croire hors de tout doute qu’on est là pour le bien des enfants. Il faut que le parent nous fasse confiance, on le fait pour l’aider.»

«L’intimidateur va souvent partir du principe pour se défendre qu’il est victime lui aussi. Il faut avoir les faits réels et ce n’est pas si simple!»

-Marc Tremblay, directeur du Collège Reine-Marie

«C’est pas de ma faute! J’ai rien fait!»

Les témoins: comment les responsabiliser

Certaines familles ne se sentent pas concernées par l’intimidation puisque les enfants ne sont ni victimes ni agresseurs. Le psychologue Égide Royer est d’avis que les parents ont la responsabilité et le devoir de transmettre des valeurs de base à leurs enfants.

Communiquer nos valeurs familiales à notre enfant: oui, mais comment?

Égide Royer donne des exemples: «Chez nous, dans notre famille, on n’accepte pas qu’un humain puisse faire souffrir un autre humain en partant des rumeurs et quand on voit ça, on fait telle chose.» Il s’adresse aux parents: «Si vous voyez une situation d’inégalité et qu’une personne se met en situation de pouvoir pour en faire souffrir une autre, vous devez absolument considérer ça comme inacceptable même s’il ne s’agit pas de vos enfants. C’est une question de valeurs.» Il conclut: «On doit enseigner à nos enfants qu’ils ont le devoir d’assistance à personne en danger ou en souffrance. C’est une question d’éducation parentale.»

«La première chose que je dis aux élèves dans les classes c’est: C’est de ta faute, le témoin si j’ai été intimidé!»

-Samuel Bricault

Voici deux façons pour votre enfant de réagir à l’intimidation

-Égide Royer Ph.D, psychologue

1. Technique (pour ignorer) – Exemple de ce que l’on pourrait dire à son enfant qui vit de l’intimidation: «Si quelqu’un t’insulte, ne réplique pas. Tourne les talons et va voir un adulte en qui tu as confiance.»

2. Technique (pour s’affirmer) – Exemple de ce que l’on pourrait dire à son enfant qui vit de l’intimidation: «Moi, j’aime pas ça quand on me parle comme ça. Tourne les talons et va voir un adulte en qui tu as confiance.»

Au secondaire, 65% des agressions ont lieu dans les casiers.

Signes chez l’enfant victime d’intimidation – au plan émotionnel et comportemental

  1. Craint d’aller à l’école ou de participer à d’autres activités.
  2. Semble angoissé, terrifié.
  3. Manque d’estime de soi et fait des commentaires négatifs sur sa personne.
  4. Dit ne pas être en forme (maux de tête, indigestion).
  5. Manque d’intérêt pour l’école et voit ses résultats scolaires chuter.
  6. Perd ses effets personnels, a besoin d’argent, dit avoir faim au retour de l’école.
  7. A des blessures ou des «bleus» sur le corps, a des vêtements déchirés, des biens brisés.
  8. Semble malheureux, irritable.
  9. Dort mal, fait des cauchemars.
  10. Menace de se blesser ou de blesser autrui.
  11. Semble isolé, exclu de son groupe ou de ses pairs.
  12. Peut avoir des parents trop protecteurs.
  13. Peut être victime d’intimidation de la part de ses frères et sœurs, à la maison.
  14. Est seul et isolé à l’école.
  15. Compte peu d’amis à l’école ou dans le voisinage.
  16. Peut avoir des professeurs qui ignorent tout de ses forces et de ses défis et qui, de ce fait, ne peuvent répondre à ses besoins.
  17. A rarement l’occasion de briller et de montrer ses talents à la maison, à l’école ou au sein de sa communauté (pouvoir/reconnaissance personnelle).

Source: PREVNet

Les élèves des écoles où l’intimidation est fréquente présentent des résultats inférieurs aux autres.

L’arrosé arroseur

Les chercheurs ont démontré que le fait d’être impliqué à la fois comme auteur et victime semble aggraver l’impact de l’intimidation. Ceux qui intimident en réaction au fait d’avoir été intimidé eux-mêmes peuvent présenter certaines de ces caractéristiques:

  1. Anxiété et dépression
  2. Manque d’estime de soi
  3. Tendances suicidaires
  4. Blessures physiques
  5. Toxicomanie
  6. Attitude négative à l’égard de l’école
  7. Taux plus élevé d’absentéisme
  8. Mauvaises perceptions de la sécurité à l’école
  9. Agressivité
  10. Délinquance.

Source: PREVNet

Selon Égide Royer, il existe deux types d’intimidateurs et même si les deux protagonistes causent les mêmes ravages, l’un est beaucoup plus en danger pour lui-même que l’autre.

Il donne ces deux exemples:

Intimidateur moins à risque pour lui-même

1. Philippe ou Laurence sont en cinquième ou sixième année, ils s’amusent à intimider les autres et ils se valorisent avec ça. Ils ont leur cour de trois ou quatre élèves qui les suivent et ils trouvent ça très drôle. Ceux-là, en termes de maladie mentale à moyen ou à long terme, ne sont pas tellement à risque.

Intimidateur plus à risque pour lui-même

2. Marco se fait «écœurer» dans la cour de récréation et il se défend en intimidant les autres à son tour: il est nettement plus à risque de vivre de la dépression ou d’autres problèmes sociaux, d’après les indications de recherche que l’on a.

«J’ai 29 ans et je travaille encore sur la gestion de mes émotions aujourd’hui.»

-Samuel Bricault

Le chercheur poursuit: «Nous devons nous préoccuper des deux types d’intimidateurs, mais Marco nous inquiète un peu plus. Dans les deux cas, il faut faire œuvre d’éducation. Il faut les rendre plus conscients de la douleur ou des difficultés qu’ils causent aux autres.»

Une étude longitudinale démontre que le fait d’avoir été victime d’intimidation au secondaire augmente le risque de dépression subséquente.

Signes chez l’enfant intimidateur – au plan émotionnel et comportemental

  1. Est violent envers ses parents, ses frères et sœurs, ses animaux de compagnie et ses amis.
  2. Est peu soucieux des sentiments d’autrui.
  3. Se montre autoritaire et manipulateur pour parvenir à ses fins.
  4. Possède des biens ou d’importantes sommes d’argent sans pouvoir en justifier la provenance.
  5. Demeure très réservé au sujet de ses biens, ses activités et ses déplacements.
  6. Approuve le recours à la violence.
  7. Éprouve rapidement de la frustration, est colérique.
  8. Nie l’impact que ses faits et gestes peuvent avoir sur les autres.
  9. A des amis qui ont recours à la violence et l’intimidation.
  10. A du mal à résister à la pression exercée par ses pairs.
  11. Suit l’exemple de ses parents qui ont recours à la violence et à l’abus de pouvoir en criant, frappant ou rejetant l’enfant.
  12. Suit l’exemple de ses parents qui maintiennent une relation de couple fondée sur la violence et l’abus de pouvoir.
  13. Est victime d’intimidation de la part de ses frères et sœurs, à la maison.
  14. A des amis qui ont recours à la violence et à l’intimidation.
  15. Suit l’exemple de ses professeurs ou animateurs de groupe qui ont recours à la violence et à l’abus de pouvoir par les cris, l’exclusion ou le rejet.

Source: PREVNet

Comment intervenir auprès d’un enfant qui commet des gestes d’intimidation

3 gestes à poser

-Égide Royer Ph.D., psychologue.

  1. Arrête d’agir
  2. Conséquences
  3. Comportement de remplacement

1- Arrêt d’agir:  «Écoute Philippe, ton comportement est totalement inacceptable.»

2- Conséquences: «Je vais être claire avec toi; si ce type de situation se répète, je vais être dans l’obligation de…»

3- Comportement de remplacement: «T’es quelqu’un de brillant alors au lieu de (type de comportement) je suggère fortement que tu…»

Exemple de conséquences

«Si tu veux suivre ton cours de conduite, tu devras me démontrer que tu es assez responsable. Je ne te mettrai pas une auto entre les mains si tu prends plaisir à faire souffrir les autres.»

«Il ne s’agit pas de punir pour punir, mais d’agir de façon logique.»

-Égide Royer Ph.D, psychologue

Prévenir c’est guérir

Comme nous l’avons constaté depuis le début de cette série, il est impératif d’intervenir auprès des jeunes qui intimident, mais agir en amont afin de prévenir plutôt que guérir est faire œuvre d’éducation auprès de nos tout petits.

«Le petit bonhomme de quatre ans ou la petite bonne femme de quatre ans qui crie dans le visage des autres pour avoir un jouet, je ne peux pas laisser passer ça. Comme éducateur ou enseignant ou intervenant scolaire, ou parent, il doit y avoir une interventions.»

-Égide Royer Ph.D, psychologue

Le chercheur va plus loin: «Si je laisse passer ça, mettons sur trois cas de jeunes qui obtiennent ce qu’ils veulent en étant très négatifs en criant ou en poussant les autres, j’en ai peut-être un ou même deux qui peut-être vont  avoir des comportements véritablement désagréables au primaire.»

«En clair, intervenir plutôt en amont est toujours pertinent dans ce type de situation là et ça c’est mal compris.»

-Égide Royer Ph.D, psychologue

Léa mord ses amis: risque-t-elle de commettre des actes d’intimidation plus tard?

L’éducatrice de votre petite Léa, deux ans et demi, vous rapporte que celle-ci a tendance à pousser ou à mordre quand elle est contrariée et qu’elle n’obtient pas le jeu qu’elle convoite.

Le professeur associé à l’Université Laval Égide Royer, affirme que la recherche a démontré qu’il est possible de détecter à un très jeune âge les risques pour un enfant de développer des comportements d’agressivité dans l’avenir.

«De plus en plus d’indications en recherche révèlent que nous pouvons voir venir dès l’âge de quatre ans les jeunes qui sont à risque de devenir agresseurs.»

-Égide Royer

Il précise par ailleurs que le fait de mordre ou de bousculer à l’âge de deux ou trois ans dans le but d’obtenir un jouet, par exemple, fait partie du développement de l’enfant et est tout à fait normal. Il explique: «Mordre à deux ans et demi trois ans fait partie du développement et c’est habituel. On intervient, mais on fait notre rôle d’éducation. Mais si j’ai un enfant de cinq ans qui mord en maternelle, là les lumières rouges s’allument.»

Voici comment intervenir auprès de Léa en 3 temps

-Égide Royer Ph.D, psychologue

  1. Communiquer
  2. Encourager
  3. Enseigner

1- Communiquez que le comportement n’est pas acceptable.

«Léa, on ne crie pas comme ça.» (Arrêt d’agir)

2- Encouragez Léa en lui donnant de l’attention positive chaque fois qu’elle approche les amis en souriant et qu’elle joue avec eux.

«Bravo, Léa, tu joues bien avec Félix, aujourd’hui!» (Encouragement de comportement de remplacement.)

3- Enseignez un comportement de remplacement.

«Léa, quand tu veux un jouet, au lieu de pousser ou de crier, demande à ton ami s’il peut te le prêter quand il aura fini de jouer avec.» (Enseignement de comportements de remplacement)

Une équation douloureuse

Intimidateurs, témoins, victimes; tous font partie d’une équation dont le résultat est le même: la souffrance.

Nous venons de voir à quel point les témoins sont un élément clé dans la dynamique d’intimidation et comment leur comportement d’observateurs passifs peut encourager les intimidateurs à continuer d’agir.

En tant que parent, il peut être difficile d’accepter que son enfant soit pris dans cette spirale, mais il existe des outils et des actions positives à mettre en place afin d’intervenir avec empathie et bienveillance que notre enfant soit victime, témoin ou instigateur d’intimidation.

«La plus grosse erreur que les parents commettent c’est d’adopter un comportement qui fait que la situation se maintient.»

-Égide Royer Ph.D, psychologue

La responsabilité de l’école: la loi 56

Comme nous l’avons vu, l’intimidation a des conséquences graves sur la vie présente et future des enfants concernés. Il existe heureusement plusieurs ressources vers lesquelles vous tourner afin que vous et votre enfant receviez l’aide dont vous avez besoin. L’une des principales ressources est l’école.

À cet effet, l’Assemblée nationale a adopté, en juin 2012, le projet de loi n° 56, loi visant à prévenir et à combattre l’intimidation et la violence à l’école. En vertu de cette loi, chaque école est tenue d’offrir un plan d’intervention visant à offrir aux élèves un milieu d’apprentissage sain et sécuritaire de manière à ce que tout élève qui la fréquente puisse y développer son plein potentiel à l’abri de toute forme d’intimidation ou de violence.

La responsabilité du parent: la règle du 48 – 48 – 48

Le spécialiste de la réussite scolaire, Égide Royer explique comment s’y prendre pour communiquer avec l’école quand notre enfant est en situation d’intimidation. «Communiquez avec la direction de l’école. Celle-ci doit vous revenir dans un délai de 48 heures. Si après 48 heures la direction de l’école ne vous a pas contacté, envoyez un texto à la direction générale des centres de services et si 48 heures plus tard ce n’est pas encore réglé, contactez le protecteur de l’élève.»

-Égide Royer Ph.D., psychologue

Demander de l’aide

Qu’il s’agisse d’intimidation en ligne, de cyberintimidation sexuelle ou d’intimidation dans la cour d’école, tous les spécialistes à qui nous avons parlé sont d’avis que les parents jouent un rôle essentiel en regard de l’intimidation.

«Ce n’est pas un signe de faiblesse d’aller demander de l’aide. Mon père, même s’il avait étudié en psycho, demandait toujours de l’aide aux intervenants de l’école et ça changé ma vie.»

-Samuel Bricault

«Et comme l’écrit le professeur Égide Royer en citant Churchill (1931) dans son livre Petite encyclopédie de l’enseignement efficace: On a raison de se préoccuper des choses qui importent et de s’en préoccuper quand il est encore temps.»

À retenir

  • Les parents doivent faire oeuvre d’éducation auprès de leurs enfants en matière d’intimidation.
  • Si votre enfant est victime d'intimidation, contactez l’école et appliquez la règle du 48-48-48.
  • Les témoins jouent un rôle tout aussi important que l’intimidateur.
  • Le fait d’être victime d'intimidation peut avoir des répercussions graves en termes de santé mentale et de réussite scolaire.

Ressources

Vidéo sur l’intimidation avec Dr Égide Royer

LigneParents, au 1-800-361-5085.

En tout temps, 24 heures par jour et 7 jours par semaine, vous trouverez un soutien professionnel gratuit.

La Fondation Jasmin Roy

La Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais a comme première mission de lutter contre l’intimidation, la violence et la discrimination faites aux enfants en milieu scolaire au primaire et au secondaire.

— Dernière mise à jour: 10 mars 2020

Biographie

Rédactrice en chef

Journaliste à la recherche depuis plus de 15 ans, Danielle Dutrisac a travaillé pour plusieurs grands médias du Québec (Québecor publications, Radio-Canada, TVA, V Télé, 98,5 ). Curieuse de nature, son parcours l’a menée à explorer plusieurs avenues qui ont nourri son sens de l’aventure et son appétit pour ce qui la passionne: l’humain. Poser des questions, écouter, comprendre et transmettre le message, voilà ce qui nourrit le quotidien de celle qui a fait des études en adaptation scolaire à l’université. Bienveillante et attentionnée, la journaliste n’a qu’un seul objectif: aider les autres à mieux vivre. Crédit photo: Marili Clark

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